A l’unanimité, les 101 députés présents à l’hémicycle lors de la session extraordinaire, hier lundi 9 février 2015 à Niamey, ont autorisé le gouvernement à envoyer des troupes au Nigeria pour combattre les insurgés du groupe islamiste armé Boko Haram.
Dans le discours qu’il a prononcé à l’ouverture de la session, le président de l’Assemblée Nationale du Niger, M Amadou Salifou a énuméré 3 impératifs qui obligent le pays à s’engager militairement contre Boko Haram :
"D'abord le devoir qu'à l'Etat et ses dirigeants de garantir la sécurité de la population, car si hier les attaques de Boko Haram intervenaient hors de nos frontières, aujourd'hui ce sont nos villes et villages de l'Est du pays qui subissent les affres de ce terrorisme ;
Ensuite le devoir de solidarité face à un pays frère et ami comme le Nigeria, qui au-delà de l'accord de défenses qui fait obligation aux pays de se porter assistance en cas d'agression ou de déstabilisation armée, qui dis-je, partage avec notre pays des valeurs et des traditions historiques de coopération multiforme ;
Enfin, le Niger aura répondu aussi promptement à l'appel de la conférence des Chefs d'Etat de l'Union Africaine tendant à la création d'une force militaire régionale pour contrer la secte Boko Haram. Il est évident que la mutualisation des efforts et des moyens entre nos pays concernés, contribuent sans nul doute, à anéantir ces forces qui s'illustrent par leur barbarie et leur mépris pour la religion musulmane au nom de laquelle elles prétendent agir ".
Les députés ont mis de côté leurs querelles de tous les jours et ont voté cette autorisation. Comme l’a expliqué aux médias le député Abdoul Kadri Tidjabni, membre de l’opposition parlementaire, "il faut que le Niger existe en tant qu’Etat pour que le débat politique ait lieu".
Sur le terrain, la tension monte. Depuis le vendredi, jour de la première attaque de Boko Haram contre des positions nigériennes dans la région de Diffa, à l’Est du Niger, (à Bosso puis à Diffa ville), plusieurs attentats ont été perpétrés dans cette localité : hier, il a été relevé une attaque contre la prison civile, un attentat suicide à la régie douanière, et un obus a été tiré dans le marché aux légumes de cette ville. Le bilan provisoire depuis vendredi fait état de plus d’une dizaine de morts civiles et militaires, ainsi que des blessés.
Selon les habitants joints par plusieurs médias, les civiles ont commencé à quitter la ville de Diffa depuis hier, pour se mettre à l’abri. Ils tentent par tous les moyens de quitter cette localité, frontalière avec le Nigéria.
Ce matin, la ville est calme, mais pour combien de temps encore et c’est justement cette inquiétude qui provoque le départ des civiles de la ville. Selon plusieurs sources mais des informations non confirmées officiellement, la femme kamikaze qui s’est faite exploser hier au Bureau des douanes, fait partie des réfugiés accueillis dans la région. Cet attentat aurait fait 10 morts. Il est aussi rapporté que la plupart des éléments de Boko Haram qui ont sévi ces derniers jours dans la zone sont des réfugiés qui étaient déjà dans la cité. La circulation à moto est interdite dans toute la région désormais parce que les terroristes utilisent cet engin "go fast" pour commettre les attentats et se replier rapidement. Aujourd’hui, tous les réfugiés sont sommés de quitter les villes et de rejoindre les camps de réfugiés. La population est aussi invitée à coopérer afin de dénoncer tout individu suspect.
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