lundi 27 mai 2013

La mission nous unit, Une Bonne nouvelle depuis la Fraternité Lavigerie d’Abidjan


Chers frères et sœurs qui me lisez, vous vous demandez certes, pourquoi j’ai  voulu ouvrir cette page d’informations  par cet oiseau portant une fleur dans son bec. C’est à dessein ! Faisons alors un voyage avec Schleiermacher au pays de l’interprétation pour en saisir le sens!

Les amis de la sagesse, appelés aussi philosophes nous révèlent en effet que la réflexion herméneutique est au cœur de l’existence humaine. La quête du sens, l’effort d’interprétation et de compréhension sont devenus un impératif existentiel que la vie humaine est devenue elle-même herméneutique, c’est-à-dire un processus qui consiste à interpréter et à comprendre le réel possible. Car, dit-on, tout est signe, tout est langage, tout est discours et par surcroît exige une interpréter. C’est dans ce sens que je m’engage à vous révéler le sens de cet oiseau portant cette fleur. Il s’agit d’une colombe qui porte une fleur dans son bec symbolisant la bonne nouvelle pour l’Eglise du Niger.

La bonne que vient vous annoncer notre colombe est celle d’une journée de fraternité-rencontre et d’amitié que nous avons eue ici à la Fraternité Lavigerie d’Abidjan, trois anciens stagiaires du Niger réunis autour d’un prêtre du Niger. Il s’agit de Georges Arockia, un Sma qui a fait son stage à Doutchi, de Vincent KIYE (Miss. d’Afrique)  qui a fait son stage à Birnin N’Konni et de Gratien Kmbale (Miss. d’Afrique) qui a été à Zinder tous, stagiaires entre 2010-2012.

Nous avons voulu célébrer la pentecôte autour de nos deux frères le père Eric et le P. Emile, tous deux prêtres du diocèse de Niamey au Niger, présentement aux études à l’UCAO en Côte d’Ivoire. Malheureusement le Père Emile Somné n’a pas pu être avec nous suite à un empêchement, mais a tenu malgré tout, à venir nous rejoindre un jour après, c’est-à-dire le lundi après la pentecôte, pour honorer cette fraternité. Quelle joie de nous retrouver sur une terre étrangère ? Oui, la mission nous unit !

Ce fut pour nous une occasion de témoigner aux autres confrères de la communauté comment nous vivons unis au Niger et vous invitons par ce fait, à garder la mèche allumée c’est-à-dire à travailler toujours de façon à consolider cet esprit d’unité entre les permanents au sein de l’Eglise Catholique au Niger mais aussi entre les permanents et les fidèles comme cela a toujours existé.  Bravo à la cohésion des permanents au sein de l’Eglise du Niger. Par cette cohésion, nous concrétisons ainsi, la prière de notre Seigneur Jésus : «  Qu’ils soient tous Un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi. » «  (Jn 17, 21)

Mais de quoi échangeons-nous en cette demi-journée là, jour de la pentecôte? Nous avions commencé par saluer l’organisation des rencontres de chaque jeudi à l’Archevêché de Niamey,  un réel cadre de retrouvaille et de nous connaître, les sessions pastorales diocésaines en chaque début de l’année pastorale au cours desquelles nous élaborions les projet pastoraux, les différentes formes des rencontres avec les musulmans et  religions traditionnelles, la vie des communautés de base etc. tout cela redynamise la fraternité sacerdotale, renforce la cohésion fraternelle et crée des nouveaux types de relations au sein de l’Eglise locale du Niger de sorte que ceux qui nous voient vivre unis, disent : « Voyez comme il est beau pour des frères de vivre ensemble et d’être unis. » Nous en sommes sortis, au terme de nos différentes expériences de stage, édifiés et renouvelés.

En pleine chaleur du Sahel, accueilli par les vent et poussières, nous avions tenu bon, grâce à la cohésion fraternelle qui adoucissait sans cesse, la chaleur du Niger. Je puis dire à ce jour, qu’une bonne fraternité rend l’insupportable, supportable. Merci à tous, à toutes et à chacun d’avoir donné du sien pour que nos différents séjours au Niger soient agréables.
 
De gauche à droite sur la photo : Vincent KIYE (Miss. D’Afrique), P. Eric MEDAGBE(Diocèse de Niamey), Gratien KAMBALE (Miss.d’Afrique) et Georges AROCKIA (Sma).


Cette rencontre eut lieu à la Fraternité Lavigerie d’Abidjan, le Centre de formation de théologie pour les Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). Sur la photo, la chapelle de la Fraternité Lavigerie d’Abidjan et le batiment communautaire où toute la communauté se rassemble pour les activités communautaires. Ce (Réfctoire, salle des réunions, bibliothèque, cuisine et salle des jeux.)

Que voulons-nous dire par la mission nous unit ?

Sans craindre d’être contredit, j’atteste que la vie missionnaire fait de nous des fils et filles d’une même famille. L’expérience vécue au Niger m’a fait goûter à la joie de former une communauté internationale avec les frères d’autres nations et de me sentir aimé, compris et soutenu par eux. C’est là le témoignage vivant et fort de l’Evangile.

Cette rencontre voulue et souhaitée avec nos deux aînés avait aussi pour but de traduire que lorsque nos autorités nous envoient pour le stage apostolique, c’est réellement pour apprendre à aimer. A aimer le pays qui nous accueille, le peuple, la langue, la culture, l’Eglise locale de manière à former avec eux, une nouvelle famille. Et chaque fois que je parle avec mes deux amis avec qui j’ai fait le stage au Niger, tous deux me témoignent chacun à sa façon, qu’ils ont comme moi, aimé le Niger. Merci Père Eric et Père Emile pour votre témoignage de vie à notre endroit pendant notre séjour au Niger. Vous avez, dois-je le dire haut et fort, contribué de façon spéciale à notre formation lors des différentes rencontres que nous avions eues avec vous, à Doutchi quand nous passions pour aller à Niamey, au foyer Samuel à Niamey où le Père Emile fut formateur. Que Dieu nous gardes et nous protèges. Amen.

Nous espérons avoir d’autres occasions encore de retrouvaille entre Nigériens. Sai Anjima.

Tout est grâce !
Etudiant Miss.d’Afrique
Fraternité Lavigerie d’Abidjan
 Côte d’Ivoire


mardi 21 mai 2013

La Pentecôte, fête de l'unité, une réflexion du fr Vincent Kiyé


Bonjour et heureuse fête de la Pentecôte partout où vous nous lisez !
Me voici une fois de plus répondre à notre rendez-vous spirituel chaque fois que les occasions se présentent et que Dieu m'en donne la grâce.

En ce dimanche de la pentecôte, la grâce m’est donnée de vous exposer ma méditation de ce dimanche sur la pentecôte, la descente de l'Esprit Saint aux Apôtres, comme vous le savez mieux que moi. Tout a gravité autour de ces mots brefs mais riches pourtant: "… toute la maison où ils se tenaient fut remplie de l'Esprit Saint. Ils virent comme un feu qui se divisait, et sur chacun d’eux se posait une des langues de ce feu. Tous furent remplis de l’Esprit Saint et ils se mirent à parler en d’autres langues dans lesquelles l’Esprit leur donnait de s’exprimer.» (Ac 2, 2-4).

Le deuxième aspect sur lequel j’ai voulu mettre d’attention c’est le feu qui se divisa et  se posa sur chacun d’eux.  Nous avons aujourd’hui besoin d’être habité par la présence de cet Esprit pour que nous puissions nous aussi,  parler en langue, un langage qui unit tous les peuples, toutes les nations. Malheureusement, nos langues aujourd’hui, au lieu de jouer le rôle unificateur, divise les peuples de Dieu. Nos langages servent aujourd’hui d’identifier les miens de leurs, les juifs de nos juifs, les Congolais de Rwandais, des Ougandais etc, les Ivoiriens de Burkinabè, les Maliens de ceux du Nord. Nos langues servent à intensifier les divisions, à fragiliser davantage les zones, les peuples et les nations en conflits. A regarder combien nos communautés religieuses, nos communautés de vie  sont divisées, il y a de quoi avouer que nous ne nous sommes pas encore disposés de manière à nous laisser remplir par cet Esprit Saint qui inspire le langage de l’unité.

Chers frères et sœurs, en ce dimanche 19 Mai 2013, dimanche de la Pentecôte nous pouvons nous séparer sur cette interrogation pour notre méditation personnelle: Et ta maison, ma maison, sont-elles aussi remplies de l’Esprit Saint, cet Esprit qui inspire le langage de l’unité? Les disposons-nous ou bien disposons-nous nous-mêmes, pour que nos maisons en soient aussi remplies ? A Quelle condition doivent-elles être remplies de l'Esprit Saint? La réponse à ces questions me parait simple: Nous devons adopter, nous aussi, l'attitude des Apôtres, celle de l'unité afin que ta maison, ma maison, nos maisons soient à notre tour aussi, remplies de l'Esprit Saint.

Vous vous rendrez compte comme moi que l’Esprit Saint semble être favorable à l’unité : «… Jésus souffla vers eux et leur dit : “Recevez l’Esprit Saint… » (Jn 20, 22-23). Je suis convaincu que cette phrase trouve tout son sens lorsqu'elle est conjuguée à la deuxième personne du pluriel, c’est-à-dire adressée ou employée par rapport à un groupe. Que celui qui doute, essaie de l’employer à la deuxième personne de l’impératif. Tout de suite il se sentira ridicule comme moi qui ai osé ; simplement parce qu’il se rendra compte que l’Esprit Saint est toujours et déjà une réalité de la mouvance trinitaire. Même Jésus ne pouvait pas se l’approprié comme il voulait et le conférer pour des individualités égoïstes. Il est l’Esprit d’unité. Lorsque nous lisons dans la Bible, rare sont des endroits où Jésus emplois cette formule au singulier. Ainsi donc, si ton langage ne favorise pas l’unité, interroge-toi sur son origine.

Que cette célébration de la pentecôte nous donne d’être des hommes et des femmes d’unité, toujours habités par un langage d’unité en toute circonstance. Ainsi, ceux vers qui nous sommes envoyés pourront dire : ces religieux, ces religieuses sont ils tous de même pays, d’une même famille ? Sont-ils tous de notre pays ?

Etudiant Miss. d'Afrique
Fraternité Lavigerie d'Abidjan
    Côte d'Ivoire

Visite Pastorale de Mgr Ambroise Ouédraogo à la Paroisse de Maradi

Monseigneur Ambroise Ouédraogo Evêque de Maradi a effectué du jeudi 9 mai au dimanche 19 mai 2013 une visite pastorale à la Paroisse de Maradi.
Rencontre avec la CCB Ste Thérèse du quartier Ali Dan Sofo
La visite a eu lieu en plusieurs étapes. Elle a commencé par la rencontre avec les jeunes de la Paroisse de Maradi le jeudi 9 mai pour s’achever par une réunion avec le conseil paroissial le samedi 18 mai 2013.
Au cours de sa visite, l’Evêque a rencontré et échangé avec :
Le groupe des jeunes,
Les groupes des femmes,

 Les communautés chrétiennes de base
Les communautés religieuses
Les agents de la pastorale sociale
les écoles de la mission catholique
la communauté chrétienne dans les villages

Monseigneur Ambroise a au cours des différentes visites, écouté, enseigné et prié avec les paroissiens de Maradi qui lui ont fait part de leur joie et de leur peine, les forces et les faiblesses de leurs différents groupes,…
A chaque étape, il a prodigué de sages conseils et encouragé à plus de déterminations dans la mission.
La Paroisse Cathédrale Notre Dame de Lourdes de Maradi a été fondée le 10 avril 1954 et compte 375 baptisés. Les chrétiens dans les quartiers sont organisés en communauté chrétienne de base. Ils se rassemblent pour prier, lire et partager la Parole, célébrer ensemble et approfondir leur foi, ...

Ordination Episcopale à Niamey


jeudi 9 mai 2013

"Jésus a laissé son empreinte sur notre terre" Homélie du Père Gérard Naslin

Fête de l’Ascension
Les jeunes et les moins jeunes d’ailleurs, aiment bien les images. On connaît le succès des bandes dessinées, et les spécialistes de marketing savent bien l’impact qu’ont les affiches ou encore les clips publicitaires. Le goût pour l’image remonte loin, rappelez-vous les peintures rupestres de la préhistoire. Et au Moyen Age, on trouve des enluminures qui ornent des manuscrits ou des livres religieux.J’aimerais vous donner à voir une très belle enluminure du XV° siècle, tirée des « très riches heures du duc de Berry ».

Cette peinture représente, de façon naïve, l’Ascension du Seigneur. Sur fond d’azur, le Seigneur s’élève entre deux files d’anges, dont les derniers se confondent avec le firmament. Il quitte ses disciples, et laisse sur le tertre gazonné d’où il prend son essor, l’empreinte de ses deux pieds. Et on peut lire sur une banderole tenue par deux anges, le texte des Actes des Apôtres entendu à l’instant : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Celui que vous avez vu monter au ciel en reviendra de la même façon ».

Je trouve cette représentation, encore une fois, peut-être naïve, mais surtout très évocatrice : Jésus quitte cette terre sur laquelle il était venu marcher, mais il y laisse son empreinte. C’est cela l’Ascension.

Mais quelle est donc l’empreinte du Christ sur notre terre ?
Et qu’allons-nous faire de cette empreinte ?

- L’empreinte du Christ, c’est l’Amour.
Jésus est venu imprégner notre monde de ce message d’amour extraordinaire, un message qu’il ne s’est pas contenté de nous adresser par procuration, ce message il est venu en personne le proclamer, et non seulement avec ses lèvres, mais par le témoignage de sa vie. Ce message se résume par quatre verbes :

Priez, accueillez, servez, pardonnez

Priez sans vous lasser. La prière il l'a vécue, se retirant souvent seul dans la montagne, et se tournant vers son Père, même pour lui crier : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Accueillez sans distinction. L’accueil il l’a vécu vis-à-vis de ceux que la société et la religion de son temps excluaient, tels que les étrangers, les lépreux, les pécheurs, les samaritains et les publicains.

Servez les petits par prédilection. Le service, il l’a vécu, s’approchant des blessés dans leur corps, dans leur cœur et dans leur dignité ; et il a même fait le geste des esclaves en lavant lui-même les pieds de ses disciples.

Pardonnez sans restriction. Le pardon il l’a proposé à l’un de ses amis qui le trahissait, à un autre qui venait de le renier ; il l’a donné à ceux qui le mettaient injustement à mort, car, disait-il, « ils ne savent pas ce qu’ils font ».

          Que pouvait-il faire de plus ? Quelle autre empreinte pouvait-il laisser ?

Jésus est venu non seulement laisser son empreinte sur les routes de Palestine, ou sur les bords du Lac de Tibériade, mais il a surtout laissé son empreinte dans le cœur de ceux qui l’écoutaient à tel point que 2000 ans après, je peux vous redire ses paroles, et refaire, tout à l’heure le geste qu’il a fait la veille de sa mort, car moi-même j’ai été imprégné de ce message d’amour grâce à tous ceux et toutes celles qui en ont été imprégnés et qui m’ont transmis ce qu’ils avaient reçu.

- Mais alors précisément, qu’allons-nous faire de cette empreinte de Jésus laissée sur notre terre ?

Une empreinte, on peut chercher à l’effacer. C’est ce qu’ont essayé de faire, ou essaient encore de faire, tous ceux qui veulent faire taire ou disparaître les témoins du Christ, précisément parce que son message d’amour est trop exigeant. Ces témoins on les appelle « martyrs ». En, fait, on n’a pas réussi à faire disparaître cette empreinte, car le sang des martyrs est semence pour d’autres témoins.

Une empreinte, on peut chercher à la dénaturer ; c’est ce qu’ont essayé ou essaient de faire tous ceux qui veulent relativiser le message du Christ ou le réduire à leur convenance. Ils cherchent aussi à dénaturer l’empreinte du Christ tous ceux qui veulent ridiculiser ceux qui le proclament et essaient d’en vivre. Et puis il y a aussi ceux qui disent : « oui, mais c’était une autre époque, un autre contexte, les temps ont changé, la société a évolué. » Or l’empreinte du Christ dont il est question, c’est le cœur de son message, c'est-à-dire l’amour de Dieu son Père et l’amour des frères, de tous les frères.

Bien sûr, et pour cause, les images ou paraboles employées par Jésus, parlent différemment à nos contemporains car il s’adressait à des pêcheurs, des agriculteurs, des bergers, des vignerons, mais l’essentiel demeure ; et l’empreinte du Christ est toujours adaptée à nos contemporains, quand il est question de l’Amour (mais attention Amour avec un grand A), quand il est question de la vie, du respect de toute personne , quels que soient sa race, son compte en banque, sa santé, sa profession, sa religion, quand il est question de la primauté de la personne sur l'argent, et quand il est question du pouvoir vécu comme un service.

Alors oui, une empreinte est faite pour qu’on la regarde comme signe d’un passage, d’une présence, et pour que nous suivions sa trace afin de mettre nos pas dans les pas de Celui qui est le Chemin la Vérité et la Vie.

Ne croyez-vous pas en effet que nous avons besoin d’un itinéraire, de « balises » ou de « repères » comme on dit aujourd’hui ? Tant d’hommes et de femmes, tant de jeunes avancent sans savoir d’où ils viennent, ni où ils vont. L’empreinte du Christ, c’est le Chemin qu’il a tracé, chemin qui mène au bonheur.

Ne croyez-vous pas que tous nous avons besoin de clés pour approcher de la Vérité ? Tant de slogans nous sont lancés, tant de modes sont véhiculées, tant d’idéologies voient le jour pour tomber dans l’oubli le lendemain ; tant de gourous abusent de la crédulité des petits. Tant d’images nous trompent. L’empreinte du Christ, c’est la Vérité qu’il a proclamée, et qui ne trompe pas.

Ne croyez-vous pas que tous nous avons besoin de trouver sens à notre vie, et de croire en la Vie, si fragile soit-elle, si menacée soit-elle ? Les recherches en bioéthique révèlent l’intelligence de l’homme, mais celui-ci se rappellera-t-il sans cesse que cette vie, elle est un don, et qu’on ne peut pas faire n’importe quoi d’un tel don, surtout quand il vient de Dieu. L’empreinte du Christ c’est la Vie donnée par amour, trésor précieux.

Frères et sœurs, en ce jour d’Ascension, « pourquoi rester là à regarder vers le ciel ? » Regardons notre terre, regardons l’empreinte qu’y a laissée Jésus Christ, ne l’effaçons pas, cette empreinte, ne la dénaturons pas, cette empreinte. Contemplons-la, empruntons-la à notre tour.

Alors Jésus de Nazareth, oui, a quitté cette terre, mais le Ressuscité qui est auprès de Dieu son Père, est en même temps près des hommes ses frères : ils le reconnaîtront dans la mesure où nous ferons apparaître son empreinte, et surtout dans la mesure où ils verront en nos cœurs et en nos vies, l’empreinte de Dieu qui n’est autre que l’empreinte de l’Amour.

Homélie prononcée par le Père Gérard Naslin
Paroisse Notre-Dame des Eaux                                                              
 Mercredi 8 – Jeudi 9 mai 2013

jeudi 2 mai 2013

« J'ai vu la misère de mon peuple en Egypte », une réflexion du Frère Vincent Kiyé


« J'ai vu la misère de mon peuple en Egypte » (Exode 3,7)

Depuis un certain temps, j'ai pris l’habitude de faire de partages de l’Évangile sur le site pour ceux qui aiment lire. Le weekend du 28 Avril 2013, j’avais articulé ma réflexion autour du thème que la société des Missionnaires d’Afrique nous a proposé en l’occasion de 125ème anniversaire de la campagne antiesclavagiste lancée par le Cardinal Charles Lavigerie, le fondateur de ladite société. C’est fut une journée de recueillement de notre équipe. Et comme il m’était demandé d’animer cette journée, j’avais souhaité reformuler le thème de la libération par « J'ai vu la misère de mon peuple en Egypte." (Exode 3,7) pour nous inspirer de la détermination et du zèle de Moïse.

Une supposition aux allures d’une certitude fut le point de départ de cette réflexion. J’annonçais au début de la causerie que toutes les atrocités de notre temps, toutes les injustices contre le peuple de Dieu font pleurer Dieu. Et comme disait Mgr Desmond TUTU en Afrique du Sud, "Qui essuiera les larmes de Dieu?" Seul, celui ou celle qui s'érige en nouveau Moïse pour sauver le nouveau peuple d'Israël que nous sommes.

En effet, notre monde en proie à des injustices multiples, à des pratiques inhumaines, a encore besoin des nouveaux Moïses pour libérer le peuple de Dieu prisonnier des logiques de notre temps. Pour changer cette situation de misère que subissent nos contemporains aujourd’hui comme une forme d’esclavage moderne, Dieu a besoin de toi mon frère, de moi, de nous tous. Si hier c'était Moïse, le Cardinal Charles Lavigerie etc., aujourd'hui c'est toi, c'est moi que Dieu envoie avec cette invitation : "va vers le Pharaon libérer mon peuple Israël". 

Notre contribution dans ce processus de libération du peuple de Dieu consiste ainsi à briser tous les liens qui déshumanisent l'autre, à rompre avec l’arsenal d’injustices qui ont élus domicile dans nos milieux de vie, tous les malaises qui rongent et fragilisent nos communautés, qui excluent nos frères de la dynamique du vivre-ensemble. Les différentes attitudes, les différents gestes qui les offusquent et les oppriment, l’exploitation des enfants, le viol, le mariage forcé, le mauvais traitement envers les domestiques, voilà autant d'actes qui relèvent de l'esclavagisme moderne qui a prit en otage le nouveau peuple de Dieu, le nouveau Israël que nous sommes. Aujourd'hui, Dieu t'investi, m'investi de sa mission pour libérer son peuple. 

Nous réussirons cette entreprise lorsque, comme le souligne Benoît XVI dans Africae Munus en citant Jean-Paul II, nous serons capables d’une spiritualité de communion, c’est-à-dire « être capable de percevoir la lumière du mystère de la Trinité sur le visage des frères qui ont à nos côtés ; … être capable en outre de reconnaître ce qu’il y a de positif dans l’autre pour l’accueillir et le valoriser comme un don que Dieu me fait… »[1]

Cette réflexion s’inscrit dans le cadre de l’une des tâches de l’Eglise en Afrique aujourd’hui, selon Benoît XVI, qui consiste « à former des consciences droites et réceptives aux exigences de la justice pour que grandissent des hommes et des femmes soucieux et capables de réaliser cet ordre social juste par leur conduite responsable. »[2] A chacun de nous de se poser la question de savoir « Suis-je le nouveau Moïse ou le nouveau Pharaon? Quelle est ma contribution dans ce processus de libération du nouveau peuple de Dieu encore aujourd’hui?

vincentkiye@yahoo.fr
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[1] Africae Munus ; n° 35.
[2] Idem, n° 22.