jeudi 9 mai 2013

"Jésus a laissé son empreinte sur notre terre" Homélie du Père Gérard Naslin

Fête de l’Ascension
Les jeunes et les moins jeunes d’ailleurs, aiment bien les images. On connaît le succès des bandes dessinées, et les spécialistes de marketing savent bien l’impact qu’ont les affiches ou encore les clips publicitaires. Le goût pour l’image remonte loin, rappelez-vous les peintures rupestres de la préhistoire. Et au Moyen Age, on trouve des enluminures qui ornent des manuscrits ou des livres religieux.J’aimerais vous donner à voir une très belle enluminure du XV° siècle, tirée des « très riches heures du duc de Berry ».

Cette peinture représente, de façon naïve, l’Ascension du Seigneur. Sur fond d’azur, le Seigneur s’élève entre deux files d’anges, dont les derniers se confondent avec le firmament. Il quitte ses disciples, et laisse sur le tertre gazonné d’où il prend son essor, l’empreinte de ses deux pieds. Et on peut lire sur une banderole tenue par deux anges, le texte des Actes des Apôtres entendu à l’instant : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? Celui que vous avez vu monter au ciel en reviendra de la même façon ».

Je trouve cette représentation, encore une fois, peut-être naïve, mais surtout très évocatrice : Jésus quitte cette terre sur laquelle il était venu marcher, mais il y laisse son empreinte. C’est cela l’Ascension.

Mais quelle est donc l’empreinte du Christ sur notre terre ?
Et qu’allons-nous faire de cette empreinte ?

- L’empreinte du Christ, c’est l’Amour.
Jésus est venu imprégner notre monde de ce message d’amour extraordinaire, un message qu’il ne s’est pas contenté de nous adresser par procuration, ce message il est venu en personne le proclamer, et non seulement avec ses lèvres, mais par le témoignage de sa vie. Ce message se résume par quatre verbes :

Priez, accueillez, servez, pardonnez

Priez sans vous lasser. La prière il l'a vécue, se retirant souvent seul dans la montagne, et se tournant vers son Père, même pour lui crier : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? ».

Accueillez sans distinction. L’accueil il l’a vécu vis-à-vis de ceux que la société et la religion de son temps excluaient, tels que les étrangers, les lépreux, les pécheurs, les samaritains et les publicains.

Servez les petits par prédilection. Le service, il l’a vécu, s’approchant des blessés dans leur corps, dans leur cœur et dans leur dignité ; et il a même fait le geste des esclaves en lavant lui-même les pieds de ses disciples.

Pardonnez sans restriction. Le pardon il l’a proposé à l’un de ses amis qui le trahissait, à un autre qui venait de le renier ; il l’a donné à ceux qui le mettaient injustement à mort, car, disait-il, « ils ne savent pas ce qu’ils font ».

          Que pouvait-il faire de plus ? Quelle autre empreinte pouvait-il laisser ?

Jésus est venu non seulement laisser son empreinte sur les routes de Palestine, ou sur les bords du Lac de Tibériade, mais il a surtout laissé son empreinte dans le cœur de ceux qui l’écoutaient à tel point que 2000 ans après, je peux vous redire ses paroles, et refaire, tout à l’heure le geste qu’il a fait la veille de sa mort, car moi-même j’ai été imprégné de ce message d’amour grâce à tous ceux et toutes celles qui en ont été imprégnés et qui m’ont transmis ce qu’ils avaient reçu.

- Mais alors précisément, qu’allons-nous faire de cette empreinte de Jésus laissée sur notre terre ?

Une empreinte, on peut chercher à l’effacer. C’est ce qu’ont essayé de faire, ou essaient encore de faire, tous ceux qui veulent faire taire ou disparaître les témoins du Christ, précisément parce que son message d’amour est trop exigeant. Ces témoins on les appelle « martyrs ». En, fait, on n’a pas réussi à faire disparaître cette empreinte, car le sang des martyrs est semence pour d’autres témoins.

Une empreinte, on peut chercher à la dénaturer ; c’est ce qu’ont essayé ou essaient de faire tous ceux qui veulent relativiser le message du Christ ou le réduire à leur convenance. Ils cherchent aussi à dénaturer l’empreinte du Christ tous ceux qui veulent ridiculiser ceux qui le proclament et essaient d’en vivre. Et puis il y a aussi ceux qui disent : « oui, mais c’était une autre époque, un autre contexte, les temps ont changé, la société a évolué. » Or l’empreinte du Christ dont il est question, c’est le cœur de son message, c'est-à-dire l’amour de Dieu son Père et l’amour des frères, de tous les frères.

Bien sûr, et pour cause, les images ou paraboles employées par Jésus, parlent différemment à nos contemporains car il s’adressait à des pêcheurs, des agriculteurs, des bergers, des vignerons, mais l’essentiel demeure ; et l’empreinte du Christ est toujours adaptée à nos contemporains, quand il est question de l’Amour (mais attention Amour avec un grand A), quand il est question de la vie, du respect de toute personne , quels que soient sa race, son compte en banque, sa santé, sa profession, sa religion, quand il est question de la primauté de la personne sur l'argent, et quand il est question du pouvoir vécu comme un service.

Alors oui, une empreinte est faite pour qu’on la regarde comme signe d’un passage, d’une présence, et pour que nous suivions sa trace afin de mettre nos pas dans les pas de Celui qui est le Chemin la Vérité et la Vie.

Ne croyez-vous pas en effet que nous avons besoin d’un itinéraire, de « balises » ou de « repères » comme on dit aujourd’hui ? Tant d’hommes et de femmes, tant de jeunes avancent sans savoir d’où ils viennent, ni où ils vont. L’empreinte du Christ, c’est le Chemin qu’il a tracé, chemin qui mène au bonheur.

Ne croyez-vous pas que tous nous avons besoin de clés pour approcher de la Vérité ? Tant de slogans nous sont lancés, tant de modes sont véhiculées, tant d’idéologies voient le jour pour tomber dans l’oubli le lendemain ; tant de gourous abusent de la crédulité des petits. Tant d’images nous trompent. L’empreinte du Christ, c’est la Vérité qu’il a proclamée, et qui ne trompe pas.

Ne croyez-vous pas que tous nous avons besoin de trouver sens à notre vie, et de croire en la Vie, si fragile soit-elle, si menacée soit-elle ? Les recherches en bioéthique révèlent l’intelligence de l’homme, mais celui-ci se rappellera-t-il sans cesse que cette vie, elle est un don, et qu’on ne peut pas faire n’importe quoi d’un tel don, surtout quand il vient de Dieu. L’empreinte du Christ c’est la Vie donnée par amour, trésor précieux.

Frères et sœurs, en ce jour d’Ascension, « pourquoi rester là à regarder vers le ciel ? » Regardons notre terre, regardons l’empreinte qu’y a laissée Jésus Christ, ne l’effaçons pas, cette empreinte, ne la dénaturons pas, cette empreinte. Contemplons-la, empruntons-la à notre tour.

Alors Jésus de Nazareth, oui, a quitté cette terre, mais le Ressuscité qui est auprès de Dieu son Père, est en même temps près des hommes ses frères : ils le reconnaîtront dans la mesure où nous ferons apparaître son empreinte, et surtout dans la mesure où ils verront en nos cœurs et en nos vies, l’empreinte de Dieu qui n’est autre que l’empreinte de l’Amour.

Homélie prononcée par le Père Gérard Naslin
Paroisse Notre-Dame des Eaux                                                              
 Mercredi 8 – Jeudi 9 mai 2013

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