« J'ai
vu la misère de mon peuple en Egypte » (Exode 3,7)
Depuis
un certain temps, j'ai pris l’habitude de faire de partages de l’Évangile sur
le site pour ceux qui aiment lire. Le weekend du 28 Avril 2013, j’avais
articulé ma réflexion autour du thème que la société des Missionnaires
d’Afrique nous a proposé en l’occasion de 125ème anniversaire de la
campagne antiesclavagiste lancée par le Cardinal Charles Lavigerie,
le fondateur de ladite société. C’est fut une journée de recueillement de notre
équipe. Et comme il m’était demandé d’animer cette journée, j’avais souhaité
reformuler le thème de la libération par « J'ai vu la misère de mon peuple en
Egypte." (Exode 3,7) pour nous inspirer de la détermination et du zèle de
Moïse.
Une
supposition aux allures d’une certitude fut le point de départ de cette
réflexion. J’annonçais au début de la causerie que toutes les atrocités de
notre temps, toutes les injustices contre le peuple de Dieu font pleurer Dieu.
Et comme disait Mgr Desmond TUTU en Afrique du Sud, "Qui essuiera les
larmes de Dieu?" Seul, celui ou celle qui s'érige en nouveau Moïse pour
sauver le nouveau peuple d'Israël que nous sommes.
En
effet, notre monde en proie à des injustices multiples, à des pratiques
inhumaines, a encore besoin des nouveaux Moïses pour libérer le peuple de Dieu
prisonnier des logiques de notre temps. Pour changer cette situation de misère
que subissent nos contemporains aujourd’hui comme une forme d’esclavage
moderne, Dieu a besoin de toi mon frère, de moi, de nous tous. Si hier c'était
Moïse, le Cardinal Charles Lavigerie etc., aujourd'hui c'est toi, c'est moi que
Dieu envoie avec cette invitation : "va vers le Pharaon libérer mon peuple
Israël".
Notre
contribution dans ce processus de libération du peuple de Dieu consiste ainsi à
briser tous les liens qui déshumanisent l'autre, à rompre avec l’arsenal
d’injustices qui ont élus domicile dans nos milieux de vie, tous les malaises
qui rongent et fragilisent nos communautés, qui excluent nos frères de la
dynamique du vivre-ensemble. Les différentes attitudes, les différents gestes
qui les offusquent et les oppriment, l’exploitation des enfants, le viol, le
mariage forcé, le mauvais traitement envers les domestiques, voilà autant
d'actes qui relèvent de l'esclavagisme moderne qui a prit en otage le nouveau
peuple de Dieu, le nouveau Israël que nous sommes. Aujourd'hui, Dieu t'investi,
m'investi de sa mission pour libérer son peuple.
Nous
réussirons cette entreprise lorsque, comme le souligne Benoît XVI dans Africae
Munus en citant Jean-Paul II, nous serons capables d’une spiritualité de
communion, c’est-à-dire « être capable de percevoir la lumière du mystère de la
Trinité sur le visage des frères qui ont à nos côtés ; … être capable en outre
de reconnaître ce qu’il y a de positif dans l’autre pour l’accueillir
et le valoriser comme un don que Dieu me fait… »[1]
Cette
réflexion s’inscrit dans le cadre de l’une des tâches de l’Eglise en Afrique
aujourd’hui, selon Benoît XVI, qui consiste « à former des consciences droites
et réceptives aux exigences de la justice pour que grandissent des hommes et
des femmes soucieux et capables de réaliser cet ordre social juste par leur
conduite responsable. »[2] A chacun de nous de se poser la question de savoir «
Suis-je le nouveau Moïse ou le nouveau Pharaon? Quelle est ma contribution dans
ce processus de libération du nouveau peuple de Dieu encore aujourd’hui?
vincentkiye@yahoo.fr
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[1]
Africae Munus ; n° 35.
[2]
Idem, n° 22.
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