mardi 31 mars 2015

Le dialogue inter-religieux, une réflexion du Fr Vincent Kiyé

La théologie des religions est une discipline récente et est née dans un contexte du pluralisme religieux, de la globalisation mieux d’une nécessité de repenser les relations des croyants qui vivent les uns à côté des autres. Dans un tel environnement, le besoin de se côtoyer dans la vérité et dans l’amour, du dialogue de vie et d’échange des valeurs de vie s’avère un impératif existentiel et récurrent. La chaleur humaine n’a pas de couleur confessionnelle. La diversité des confessions religieuses n’a jusqu’à ce jour, jamais entravé le désir inné des hommes de se sentir frères en humanité. Pour cela donc, il a fallu réglementer ce désir du vivre-ensemble des hommes, senti comme une soif toujours inassouvissable afin de donner sens à la marche des hommes vers leur destin commun, qui est la vie en Dieu au soir de leur pèlerinage terrestre.


La Communauté Catholique de Diffa ne désespère pas.


Le vendredi 6 février 2015, une pluie d’obus tirée par les combattant de Boko Haram s’est abattue sur la ville de Diffa à l’Est du Niger. Après les attaques, plusieurs kamikazes se sont faits exploser dans la ville. Diffa est située à environ 5 km du poste frontalier de Duji au Nigeria contrôlé depuis 2014 par la secte islamique. Les habitants pris de panique ont déserté un temps la cité avant de revenir. Parmi les habitants de cette cité frontalière au Sud Est du Niger, vivent quelques familles catholiques. Certaines familles ont quitté mais d’autres sont restés. Les courageux qui sont restées, ont peur comme tout le monde mais se console dans les bras du Christ. Diffa n’avait pas de prêtres résidents. C’est la communauté de Zinder qui une fois par mois, descendait pour leur dire la messe. Mais depuis les événements du 16 janvier à Zinder, les pères sont partis. La petite communauté de Diffa située à 400 km de Zinder ne peut plus être desservie. Les paroissiens de l’Eglise Sainte Marie de Diffa se sont organisés avec leurs catéchistes pour vivre la célébration de la parole.

Maradi célèbre le dimanche des Rameaux

Les chrétiens du diocèse de Maradi ont célébré ce dimanche 29 mars la messe du dimanche des Rameaux. A la Paroisse Notre Dame de Lourdes de Maradi, la petite communauté a marché en procession vers l’Eglise les rameaux en mains chantant les merveilles de Dieu. Au cours de la messe présidée par l’Evêque du diocèse, la petite communauté a prié pour la paix dans le monde entier. Elle a imploré Dieu afin qu’il éloigne de nous toute coupe débordante.

Les prêtres étaient vêtus de chasubles rouge qui symbolise la crucifixion de notre Seigneur Jésus. Dans son homélie, Mgr Ambroise qui présidait l'Eucharistie de ce dimanche, a demandé aux fidèles de demeurer ferme dans la foi. Il est revenu naturellement sur les événements du 16 et 17 janvier qui ont secoué la petite communauté chrétienne du Niger. L’Evêque a demandé aux fidèles de toujours placer leur espoir en Dieu et de garder leur cœur comme temple où brûle l’amour de Dieu. « On peut brûler vos églises, mais que l’on ne brûle jamais votre foi et votre cœur" a insisté le prélat.

mercredi 11 mars 2015

Le Père Pierre Pradelles, chanteur de l’Éternel s'en est allé!

Photo de sa page facebook de juillet 2014
Le Père Pierre Pradelles, curé de Graulhet dans le Tarn depuis 2012, s'est éteint à l'âge de 71 ans dans la nuit de lundi à mardi 4 mars 2015, des suites d'une longue maladie. Le chanteur de l’Eternel a rejoint la demeure éternelle. Ordonné prêtre en 1968, Pierre Pradrelles a passé 4 ans au Niger avant de repartir vers sa France natale. Dans le secteur de Niamey, il s’est occupé de la pastorale des jeunes.

Pendant plus de trente années, Pierre et son frère Jean ont répandu leurs chansons d'espérance au service de l'évangile. En ce moment particulier pour nous tous, nos pensées vont à Jean son frère jumeau. Pour Pierre, nous prions le Père céleste de faire briller sur lui la lumière éternelle sans fin et que son âme repose en paix.
Serge Xavier Oga

lundi 9 mars 2015

Femmes victimes de Boko Haram, les oubliées du 8 mars 2015.

Haoua Issoufou devant sa cabane de fortune à Chétimari
Hier 8 mars, les femmes du monde entier ont célébré la Journée internationale de la femme, une journée instituée par les Nations Unies depuis 1975. Malheureusement, toutes les femmes n’ont pas eu droit à une fête. C’est le cas de plusieurs milliers de femmes de la ville de Damask au Nigéria. Le lundi 24 novembre 2014, les éléments de Boko Haram ont investi la petite ville de Damasak à la frontière Nigéria- Niger dans la région de Diffa. Ce jour là, la vie de plusieurs familles a basculé. Certaines ont été capturées. Plusieurs femmes ont vu leurs maris égorgés devant elle ou leurs filles prises par les éléments de Boko Haram. C’est le cas de Haoua Issoufou. Elle dit avoir 55 ans au moment de la prise de la ville par les éléments de la secte islamique mais elle parait plus jeune. Aujourd’hui, elle est réfugiée au Niger dans le village de Chétimari à environ 35 km de Damasak. « Je n’ai plus de vie. Ma vie est devenue un objet depuis le 24 novembre 2014. Je suis devenue une personne errante dont la vie se conjugue au présent seulement. Je n’ai plus de vie »déclare Haaou Issoufou. Nous l’avons rencontré il y a une semaine avec plusieurs femmes qui ont réussi à s’échapper des griffes de Boko Haram. Elle a perdu son mari et une de ses filles de 12 ans. Elle qui était vendeuse au marché et qui arrivait à joindre les deux bouts se retrouve sans argent et sans lendemain. Elle n’est pas la seule. A Chetimari, Haoua est devenue la confidente d’autres femmes qu’elle aide à surmonter l’horreur de la guerre de Boko Haram. Les femmes que nous avons rencontrées avec elles racontent les mêmes souffrances. « Lorsque les gens de Boko Haram sont arrivés, ils ont investi la ville à plusieurs endroits et durant toute la journée, s’était des tirs partout. Ils épargnaient les personnes âgées. Tuer était comme un jeu pour eux » affirme une autre dame, Aïssa, 20 ans. Haoua et Aïssa ne se connaissaient pas et aujourd’hui, le destin les a unis. Durant leur errance, elles ont fait la connaissance d’autres femmes de Malam Fatori comme Fana Abba. Fana n’a plus de nouvelles de sa famille 4 garçons et une fille. « Lorsqu’ils sont arrivés, dans la panique, je n’ai plus de nouvelles de mes enfants » témoigne-t-elle. 
Aissa Moustapha, 32 ans
Hier 8 mars 2015, elles sont sans nouvelle de leurs proches. Le 8 mars ne leur dit pas grand-chose. Leur seul espoir, c’est de retrouver leurs proches ou pouvoir leur offrir des funérailles dignes de ce nom. Les femmes de Damasak rencontrées à Chetimari espèrent que la paix va revenir dans leur ville et pourront rentrer. Pour l’heure, elles ne vivent que de la solidarité internationale et surtout de l’asile et de l’assistance que leur offrent les habitants de Chetimari. Elles sont toutes pressées de voir l’armée nigérienne franchir la frontière et chasser les islamistes de leurs villes. Elles n’ont plus confiance dans leur propre armée. "Si le Niger arrive à Damasak, nous pourrons rentrer mais si c’est les soldats du Nigéria, nous allons préférer rester ici parce que la veille de l’attaque, les soldats du Nigéria ont déserté la ville et nous ont abandonné aux mains des islamistes de Boko Haram. Certains soldats ont fui avec nous et ont séjourné ici" avance Aissa.

Toutes les femmes rencontrées à Chetimari, Gagamari, Diffa, Mainé Soroa, Goudoumaria espèrent toutes un retour au calme et un retour vers leurs terres natales au Nigéria.