vendredi 28 novembre 2014

L'Eglise Catholique au Niger célèbre ce dimanche 30 novembre 2014, la Journée Nationale de Solidarité Caritas

Toutes les paroisses de l’Église Catholique au Niger vont célébrer ce dimanche 30 novembre la 5ème édition de la Journée Nationale de Solidarité Caritas. Le thème retenu cette année est : « Une seule famille humaine, de la nourriture pour tous ». C'est un thème choisi en lien avec la Campagne mondiale de Lutte contre la Faim de Caritas Internationalis, famille mondiale Caritas à laquelle appartient CADEV Niger l’instrument de la pastorale sociale de l’Eglise Catholique au Niger.

A l’occasion de cette fête de solidarité, l’administrateur apostolique de l’archidiocèse de Niamey et président de la Pastorale sociale a envoyé un message à chaque paroisse. Dans ce message, Mgr Michel Christian Cartateguy a rappelé aux paroissiens que cette journée a été voulue par les Évêques pour «nous conscientiser au drame humain de la pauvreté qui se joue tout près de nous et que notre solidarité doit apaiser et même éliminer».

Le 1er dimanche de l’Avent a été retenu pour la célébration de chaque année. Mgr Michel a dans son message rappelé aux fidèles que nous commençons le dimanche de l'Avent, l’accueil de l’Enfant Jésus et cet accueil doit se traduire « non seulement à travers nos démarches religieuses mais aussi à travers les gestes de partage ainsi qu’à travers nos combats et nos engagements ». A travers son message, Mgr Michel nous rappelle que notre engagement fraternel n’est pas une option, mais elle est une nécessité absolue.

Aujourd’hui, plus de 805 millions souffrent quotidiennement de la faim dans notre monde. De façon simple, une personne sur neuf ne mange pas à sa faim. Ici au Niger, au début de cette année 2014, ils étaient plus de 4 millions de personnes frappées par la faim à cause du manque d’aliments. Et pour leur venir en aide, l’Église Catholique au Niger fait appel à la solidarité mondiale. Nous aussi nous pouvons donner et nous avons le devoir de donner. Comme l’a si bien dit Dom Helder Camara, "Personne n'est si pauvre qu'il n'a rien à offrir,.."

C’est donc au nom de cette chaîne de solidarité que nous devons donner. Notre engagement de chrétien doit nous pousser à participer massivement à cette journée de solidarité. C'est scandaleux aujourd'hui que notre planète compte près d'un milliard de personnes qui souffrent de la faim alors qu'il y a de la nourriture pour tous. Il y a de la nourriture en abondance et nous avons le devoir de la partager. Notre engagement en faveur de la lutte contre la faim et la pauvreté et une action en faveur de la paix et de la stabilité.

Le Pape François nous rappelle que l’Église Catholique doit être une église de pauvres où tous les pauvres se sentent chez eux. Notre effort compte et est nécessaire car « nous réalisons que ce que nous accomplissons n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan. Mais si cette goutte n'existait pas, elle manquerait » (Mère Térésa).

En revêtant le Christ, nous pouvons apporter plus de charité aux autres car, "ce que tu as fait au plus petit d'entre mes frères, c'est à moi que tu l'as fait…"(Mt 25,40)

Serge Xavier OGA

mercredi 26 novembre 2014

Le pape François exhorte l’Europe à reprendre confiance en elle.

26 ans après Jean Paul II, le pape François s’est exprimé hier devant le parlement européen à Strasbourg. Une visite de quelques heures et un discours pour rappeler à l’Europe son devoir. A Strasbourg, le pape a remis l’homme dans sa position centrale. La position économique dont rêve l’Europe ne doit pas faire de l’homme un objet qu’on jette quand on le désire. L’Europe est malade, elle est vieille et ses recettes ne sont pas bonnes. La vérité ne plait pas aux politiciens mais le pape n’est pas un politicien. C’est un guide spirituel. Devant les eurodéputés, le pape a demandé à l’Europe vieillissante de prendre ses responsabilités. L’Europe doit accorder plus de place à la personne humaine. Elle doit promouvoir la dignité humaine, une dignité qui doit être une valeur absolue. L’Europe est riche mais, a près de 27 millions de chômeurs. C’est dire que l’Europe peut et doit procurer un travail décent et digne à ses fils puisqu’elle est très riche. Il faut replacer l’homme au cœur du système de production. Les robots ne doivent pas remplacer l’homme uniquement pour faire des économies. Un robot en marche est un emploi en moins. Or aujourd’hui, l’Europe préfère uniquement le profit. En leur rappelant leur devoir, le pape leur donne des orientations dans une Europe en pleine désorientation. Le pape n’a pas donné de leçon mais des orientations à l’Europe. La finalité de toute action humaine doit être la dignité humaine et non la croissance économique. Les européens ne peuvent pas renouer avec la croissance en mettant de côté la dignité de l’homme. "L'heure est venue de construire ensemble l'Europe qui tourne, non pas autour de l'économie, mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables" leur a dit le Pape.

Sur la question des flux migratoires, le pape a dit aux 500 millions d’européens "qu’on ne peut tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière". Oui la méditerranée ne doit pas être le cimetière de l’Europe. Le drame quotidien en méditerranée est une honte pour l’humanité. C’est un échec collectif. Lui-même fils d’immigrés, il sait de quoi il parle et de la richesse que l’immigration apporte à l’autre. L’Europe ne doit pas se replier " sur elle-même".

Il y a des valeurs que l’Europe doit faire renaitre. L’Europe ne doit pas oublier ses racines chrétiennes. Preuve que la notion de l’unité humaine est toujours d’actualités. Les valeurs de 1949 sont toujours d’actualité. A cet effet, le Pape François a dit aux 500 millions d’européens qu’il est "convaincu qu'une Europe capable de mettre à profit ses propres racines religieuses, sachant en recueillir la richesse et les potentialités, peut être plus facilement immunisée contre les nombreux extrémismes qui déferlent dans le monde d'aujourd'hui, et aussi contre le grand vide d'idées auquel nous assistons en Occident".

Parlant de la protection de l’environnement, le Pape François a dit aux européens que nous sommes les gardiens de notre planète. Il appelle à une écologie humaine car la planète est notre maison et tous les terriens ont droit à un environnement sain.

Le pape a parlé aux européens mais ce discours s’adresse à nous tous. Ce n’est pas un discours religieux. Il a donné des orientations. Africains, le pape s’est aussi adressé à nous. Les orientations du Saint Père doivent constituer pour nous aussi une source d’inspiration. Aucune partie du monde ne doit se replier sur elle-même. Le pape appelle l’Europe à reprendre confiance en elle. Notre monde doit reprendre confiance en lui mais autour de la sacralité de la personne humaine, des valeurs inaliénables.

Serge Xavier OGA

mardi 25 novembre 2014

Le Cardinal Robert Sarah nouveau préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements


D.R
Ce dimanche 23 novembre 2014, le Cardinal Robert Sarah a été nommé par le Pape François préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Avant cette nouvelle charge, le Cardinal originaire de la Guinée Conakry a été nommé en 2001, Secrétaire de la Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples puis en 2010, Président du Conseil Pontifical Cor Unum, un des organismes caritatifs de la curie romaine..

Robert Sarah est né le 15 juin 1945 à Ourouss en Guinée Conakry. Ordonné prêtre le 20 juillet 1969, il a été nommé dix ans plus tard à l'âge de 34 ans, archevêque de Conakry le 13 août 1979. Il a été élevé à la dignité cardinalice le 20 novembre 2010 par le pape Benoit XVI.

Le Cardinal Sarah succède à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements au cardinal Antonio Canizares Llovera, nommé le 28 aout 2014, archevêque métropolite de Valence en Espagne.

Serge Xavier Oga

jeudi 20 novembre 2014

Le ministère de la santé publique a receptionné 100 ambulances destinées aux centres de santé du pays


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Le Niger vient d’acquérir 100 ambulances. Les engins ont été présentés hier à Niamey au cours d’une cérémonie présidée par le Ministre de la Santé Publique, M. Mano Agali. Ce matériel roulant a été acquis grâce à un partenariat public-privé sur fonds propre de l’Etat et permettra l’évacuation des malades dans des conditions décentes. 50 autres ambulances sont en cours d’acheminement ce qui portera le nombre à 150.

mardi 18 novembre 2014

Enjeux épistémologiques de la déclaration Senghorienne : "L’émotion est nègre, comme la raison est hellène" Une analyse de KIYE M. Vincent sur l’article d’Amadou Oury BA

« L’émotion est nègre, comme la raison est hellène » est une, des déclarations de Léopold Sedar Senghor faite en 1939, qui, aujourd’hui, fait encore couler de l’encre chez plus d’une personne. Interprétée de différentes manières, la déclaration a de nos jours, pris des tournures inimaginables que nous nous demandons si Senghor était encore vivant, aurait-il encore le courage d’en assumer la paternité aujourd’hui. D’où, l’urgence pour nous de situer la déclaration dans le contexte de son énoncé pour en saisir le sens originel. Sans doute et sans se voiler le visage, entendre une telle déclaration fait directement penser à un discours raciste. Contre toute attente, après avoir situé l’énoncé dans son contexte d’emploi, Amadou Oury BA souligne que la déclaration de Senghor a été mal comprise. Dans son article que nous concevons comme « l’apologie de Senghor », Amadou Oury recourt au contexte de l’émergence de la pensée de Senghor qui aurait, précise-t-il, subi, plusieurs influences, surtout celles des courants philosophiques, en particulier l’idéalisme allemand avec comme figures de proue Hegel, Johann Gottfried Herder, Friedrich Schelling, plus tard Oswald Spengler et Léo Frobenius sans oublier le fait colonial et son réductionnisme. Les positions des anthropologues français dont Lucien Lévy Brühl n’en sont pas moins. Contexte d’influence qu’il justifie à trois niveaux dont l’influence lointaine qui remonterait à l’idéalisme allemand avec les grandes figures des philosophes Allemands précités, la Paideuma (le saisissement) de Leo Frobenius et le bouillonnement intellectuel des années 30 où la jeune génération des intellectuels saisira l’opportunité de ce contact et de ce climat d’échanges intellectuels entre l’Afrique noire et la pensée européenne (Allemagne) dans la première moitié du XXème siècle[1] pour commencer à réagir contre certaines idéologies de l’époque.

Revenant sur la déclaration de Léopold Sedar Senghor qui fait l’objet de notre analyse sous ces lignes, nous osons croire, tel que la présente Amadou Oury BA dans éthiopique, qu’elle soulève la grande problématique de deux épistémologies guidées par deux visions du monde différentes. Cette assertion Senghorienne est pour ainsi dire, au cœur même de l’épistémologie classique, posant ainsi le mode de connaissance chez l’Occidental et chez le Nègre que si l’on y prend garde, on risque de se laisser prendre dans le filet de la tradition querelle sur la race et ne pas apprécier le génie du raisonnement de Senghor. Etre différent tant par la couleur de la peau, par la façon de penser que de faire n’est pas là un motif de complexe. Ce qui est noble à notre avis c’est la façon dont on assume la prise de conscience de la différence pour donner sens à la facticité [2] de son existence. Cette approche épistémologique dans la pensée de Léopold Sédar Senghor, se dessine davantage et de façon claire, dans ses réflexions que reprend Amadou Oury, lorsqu’ en1977, parlant du Nègre, il affirma que « le Nègre est l’homme de la nature. L’environnement animal et végétal, foisonnant en Afrique depuis toujours, le climat chaud et humide lui ont donné une très grande sensibilité que maints ethnologues ont mise en relief. Le Nègre a les sens ouverts à tous les contacts, voire aux sollicitations les plus légères. Il sent avant que de voir, il réagit immédiatement au contact de l’objet, aux ondes qu’émet l’invisible. C’est sa puissance d’émotion, par quoi il prend connaissance de l’objet. Le blanc européen tient l’objet à distance ; il le regarde, l’analyse, le tue - du moins le dompte - pour l’utiliser » (Senghor, : 92). Pour Amadou Oury BA sur qui nous nous appuyons pour étayer cette analyse, dissocier cette thèse de Senghor de son contexte discursif reste de facto incomplet voire réducteur, justifiant ainsi sa non recevabilité chez bon nombre des critiques.

Analysant les différents points de vue des différents philosophes allemands dans leurs diversités, souligne l’auteur, le dénominateur commun de leurs différentes positions fut l’enjeu de la sensibilité comme facteur, soit positif soit négatif, dans le processus de constitution d’une culture donnée. Ici donc, le rôle du rationalisme extrême, qui aboutirait au matérialisme sous ses différentes formes, est mis en exergue, lequel rôle est perçu, pour Léo Frobenius et de beaucoup de ses prédécesseurs et contemporains, comme l’état de désintégration d’un processus culturel ou même de son stade final. Car, souligne-t-il, même le rationalisme extrême, qui caractérisait déjà l’Europe de l’époque et l’Allemagne en particulier et qui, souligne-t-il, aboutirait au matérialisme excessif du début du XXe siècle sous ses différentes formes a ses limites et serait selon Frobenius, la cause non seulement de la première guerre mondiale, mais aussi du colonialisme. » C’est à l’issu de ces observations qu’intervient Senghor dans un discours à caractère intereuropéen. L’enjeu ici fut de montrer les limites du rationalisme occidental qui fut à la base du matérialisme excessif en allemand en particulier dans le processus d’intégration de la culture et qui fut susceptible d’erreur comme l’émotion nègre et même pire encore. Selon Léo Frobenius, une nouvelle époque s’annonce avec la fin de la culture matérialiste, mère du colonialisme, du système économique mondial, de la première guerre mondiale, mais aussi de la civilisation propre aux Anglais et aux Français ; ces deux peuples, étant enchaîne-t-il, de nature hamitique - possessions, guerres, rationalismes - et par conséquent enclins à la domination, contrairement à l’Allemagne et à l’Afrique d’obédience éthiopique - consensus, sensibilité, mysticisme.

Evoquant l’idéalisme allemand comme source d’inspiration de la pensée de Senghor, l’auteur fait savoir ici que toutes les cultures seraient égales s’il faut rester sous la perspective de Herder et Leo Frobenius dans ce sens que, soulignaient-ils toutes « les cultures naissent, grandissent et meurent selon un programme interne bien défini et que la culture ne dépend pas de l’homme, mais qu’elle est un organisme autonome qui s’exprime indépendamment du contrôle de l’être humain qui n’est ici que le support de la culture, le moyen à travers lequel s’exprime celle-ci. »

Étayant cette approche, Schilling lui, parlera d’une conscience, d’une transcendance qui serait au-delà de la raison et à l’origine du processus culturel. C’est le stade de l'inconscience ou non conscience, dont l’origine serait divine, et engloberait en même temps des éléments rationnels et irrationnels. Léo Frobenius insinue ici, une nouvelle vision, surtout en ce qui concernait les cultures du monde noir, réfutant ainsi l’assimilation et le rejet de la mission civilisatrice du colonisateur. Le développement des théories de ces philosophes allemands donnera à Senghor de trouver des raisons de fonder l’épistémologie négro-africaine sur la sensibilité comme moyen d’accès à la connaissance de l’être, de l’univers en son sein, lequel moyen est loin d’ouvrir la conscience à un matérialisme aussi dangereux comme celui du début du XXe siècle en Occident.

Au terme de cette analyse, nous osons affirmer que le développement des théories des philosophes allemands a donné à Senghor de trouver des raisons de fonder l’épistémologie négro-africaine sur la sensibilité comme moyen d’accès à la connaissance de l’être, de l’univers en son sein, contrairement au rationalisme occidental qui, aboutissant sur le matérialisme excessif du début du XXe siècle s’est avéré générateur des plusieurs déviations dont la première guerre mondiale. Que cet énoncé de Senghor soit mal compris après l’avoir prononcé est une évidence. Amadou Oury BA souligne cependant que dans cet énoncé de Senghor il n’a pas été question de soutenir que le Nègre n’est pas dépourvu de raison comme on peut le penser[3], mais de mettre en exergue un autre mode de connaissance propre au Nègre, lequel mode n’appauvrit pas le réel ou les choses, mais une raison qui fait corps avec le réel pour saisir ses enjeux les plus caractéristiques. Derrière cette assertion de Senghor, sommes-nous rendus compte, il y a toute une problématique épistémologique du mode de connaissance du nègre. Une rationalité qui épouse les contours du réel pour se loger en son cœur vivant. La raison nègre s’accompagne de l’émotion, laquelle émotivité lui permet de rendre compte de l’originalité et de la différence du Nègre. Car s’il est vrai que l’esprit « Volksgeist » d’un peuple est conditionné par son environnement géographique et culturel[4]» tel qu’en pense Hegel, il faut alors admettre que chaque peuple développerait ainsi son propre esprit de manière authentique dans dynamique du processus historique.

[1]http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article1613, (13 novembre 2014 à 16h48).
[2] Approche du sens de l’existence chez Heidegger avec sa conception du Dasein qui n’a guère choisi son existence mais qu’il doit définir par la prise de conscience de son être-là.
[3] Amadou Oury BA, « L’émotion est nègre, comme la raison est hellène » : d’une philosophie organologique allemande vers sa récupération en Afrique occidentale, dans Ethiopiques n°81, littérature, philosophie et art 2ème semestre 2008.
[4] Idem, p. 3.