Au Niger, 90 personnes ont été arrêtées dimanche après un week-end marqué par les violences. A Zinder, deuxième ville du pays, plus de 300 chrétiens se trouvaient toujours dimanche soir sous protection militaire. Vendredi, des manifestants descendus dans la rue pour condamner la caricature du prophète Mahomet, publiée la semaine dernière par l'hebdomadaire français Charlie Hebdo, avaient brûlé un drapeau français et mis le feu à la plus grande bibliothèque de la ville, celle du Centre culturel franco-nigérien. La dizaine d’églises que compte Zinder avaient été brûlées ou saccagées. Samedi, ces violences ont touché la capitale Niamey.
Selon la police nigérienne, au total 45 églises ont été incendiées samedi à Niamey durant les émeutes.Un orphelinat et une école chrétienne ont également été pillés avant d'être incendiés. Les manifestations ont fait cinq mort et 128 blessés. 189 personnes ont été interpellées. Le ministre de l'Intérieur a dénoncé la présence d'étendards du groupe islamiste nigérian Boko Haram dans les manifestations de Zinder, une ville proche du Nigeria.
Mgr Michel Cartatéguy, archevêque de Niamey, dit toute son incompréhension et son inquiétude. Il est interrogé par Jean-Baptiste Cocagne.
« Nous sommes encore sous le choc » déclare t-il. « 12 églises sur 14 ont été complétement pillées, saccagées, profanées. Tout est brulé (…) il ne reste plus rien, tout est ruines et poussières ». « Seule la cathédrale est encore debout, mais pour combien de temps ? » s’interroge Mgr Cartatéguy. L’archevêque de Niamey dit avoir réuni ce lundi matin les prêtres et responsables des communautés « pour prier en silence et méditer sur l’amour des ennemis ».« Nous sommes peut-être, souligne t-il, en train de vivre l’agonie de Jésus dans nos propres corps ».
Heureusement, « nous avons des témoignages forts de solidarité de la communauté musulmane ». Mgr Cartatéguy indique que « plusieurs religieuses ayant tout perdu ont été protégées et sont encore dans des familles musulmanes ». « Nous n’avons rien contre la communauté musulmane et sur place nous n’avons aucun problème avec elle », insistet-il, soulignant que les responsables de ces actes « sont des gens qui sont manipulés ». Face à cet embrasement, l’archevêque de Niamey demande« une protection à outrance de la part des autorités » et exprime son inquiétude : « cela pourrait continuer (…) on est en train de repérer les chrétiens qui sont dans la ville ».
article publié le 19 janvier 2015 par Radio Vatican
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