Les travailleurs nigériens ont célébré ce 1er mai la fête du travail. Cette année encore et comme il est de tradition, après les différents défilés, les organisations des travailleurs et le ministère de l'Emploi, du Travail et de la Protection Sociale se sont donnés rendez-vous pour lire une kyrielle de doléances. C’est l’académie des arts martiaux de Niamey qui abrité ce rendez-vous de lecture des cahiers de doléances.
Les travailleurs nigériens ont comme d’habitude demandée l'amélioration de leurs conditions de vie et de travail, la révision de l'ordonnance sur le droit de grève, le haussement du salaire minimum, la baisse de l'impôt sur le travail,…La ministre de l'Emploi, du Travail et de la Protection Sociale a reçu une quarantaine de doléances.
Il s’agit en fait de sacrifier à une tradition. L’exercice est classique et la fête du travail est passée cette encore comme une fête de revendications. Ici comme ailleurs, les travailleurs ont oublié que la fête du travail doit aussi célébrer le travail bien fait. Depuis plusieurs années déjà, les travailleurs travaillent de moins en moins bien. Le temps, l’instrument le plus précieux du travail est mal exploité. Les fonctionnaires ne vont presque jamais à l’heure au service. Le temps est devenu ce que les travailleurs savent gaspiller le plus. Or sans travail vite et bien fait, on ne peut pas parler de développement. Il y a des choses à améliorer dans le quotidien des travailleurs et il y a aussi des choses que les travailleurs doivent améliorer eux-mêmes. Aujourd’hui, avoir un emploi est déjà une fête en soi. Les chanceux qui ont un travail doivent faire assez d’efforts pour l’accomplir bien. Le travail doit être accompli comme étant un mandat de Dieu pour l’homme. Il nous a semblé utile de célébrer cette fête à travers la Création.
Dans le récit de la création, Dieu donné à l'Homme de dominer les animaux et la terre. On aperçoit dès lors une loi du travail, même si elle n'y est pas formellement exprimée : « Faisons l'être humain à notre image, selon notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur les bestiaux, sur toutes les bêtes sauvages et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre. » (Gn 1,26). Après avoir fait de l’Homme un « co-créateur », Dieu lui a donné la possibilité d’exercer son travail dans le jardin d’Eden. C’est là que l'être humain a été mandaté de cultiver et de garder ce jardin (Gn 2,15). Dieu a fait de l’homme un être multi profession chacun en fonction de sa compétence. Après la désobéissance et l’expulsion de l’homme du jardin, la genèse mentionne plusieurs professions : agriculteurs, musiciens, forgerons, éleveurs,…
Le travail bien fait a été aussi célébré dans la Bible.
Dans le livres des Proverbes, L'homme travailleur est récompensé à juste titre : « Il s'appauvrit celui qui travaille d'une main paresseuse, mais la main des diligents amasse des richesses. Celui qui recueille pendant l'été est un fils prudent; celui qui dort au temps de la moisson est un fils de confusion » (Pr 10,4-5). Le travail doit être accompli sans tricherie. Et les prophètes dans la Bible se sont insurgés contre la violence, la rapacité, l’injustice, l’arbitraire, … : « malheur à celui qui bâtit sa maison par l'injustice Et ses étages sans droit, Qui fuit travailler son prochain pour rien, Sans lui donner son salaire » (Jérémie 22, 13);
Les travailleurs chrétiens doivent prendre exemple sur le Christ.
Jésus a consacré la plus grande partie de sa vie terrestre à son travail de charpentier. Il a été un travailleur modèle. On ne peut pas aimer le Seigneur et ne pas se lancer dans un travail bien. Et Saint Paul l’a bien dit aux Thessaloniciens par sa condamnation ferme de la paresse et du désordre : « Nous vous enjoignons, frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de vous séparer de tout frère qui vit d'une façon déréglée, et non selon les instructions reçues de nous. Vous savez vous-mêmes ce que vous devez faire pour nous imiter; car nous n'avons rien eu de déréglé parmi vous. Nous n'avons mangé gratuitement le pain de personne; mais nous avons été nuit et jour à l'œuvre, dans la fatigue et la peine, pour n'être à charge à aucun de vous. Ce n'est pas que nous n'en eussions le droit; mais nous voulions vous donner en nous-mêmes un exemple à imiter. Aussi bien, lorsque nous étions chez vous, nous vous déclarions que si quelqu'un ne veut pas travailler, il ne doit pas manger non plus. Cependant nous apprenons qu'il y a parmi vous des gens déréglés, qui ne travaillent pas, mais qui ne s'occupent que de choses vaines. Nous les invitons et nous les exhortons par le Seigneur Jésus-Christ, de travailler paisiblement pour manger un pain qui leur appartienne. Pour vous, frères, ne vous lassez pas de faire le bien ». 2 Th. 3 : 6-13
Paul invite aussi à une correction fraternelle du paresseux : « Ne le considérez pourtant pas comme un ennemi, mais avertissez-le comme un frère » 2 Th. 3, 15.
Le travail est un remède contre plusieurs maux dont l’oisiveté
St Thomas d'Aquin dans dans sa Summa Theologiae Ila-IIae en commentant les textes pauliniens, décrit le travail non seulement comme un remède contre l'oisiveté, mais aussi comme un moyen de gagner sa vie, un frein contre la concupiscence de la chair et une source d'aumônes. Le travail est un service qui grandit l’homme. C’est au service de Dieu que le travailleur est à plein temps. Et en cette journée qui célèbre le travail, le message de l’apôtre Paul aux Colossiens est un appel au travail bien fait qui doit retentir dans toutes les oreilles : « en quoi que ce soit que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père ». Col 3, 17
Aujourd’hui, le chômage gagne beaucoup de terrain et est devenu structurel. Cette année encore, il y a ici et ailleurs à travers le monde, des millions de chômeurs qui ne savent pas ce que signifie un 1er mai. Sans boulot, l’on ne saurait fêter. C’est pourquoi, il est urgent pour ceux qui ont un boulot de travailler dignement pour permettre à d’autres d’avoir du travail. Les employeurs doivent œuvrer pour le bien être des travailleurs et ne pas les considérer seulement comme des « machines » à leur procurer de l’argent.
Célébrer saint Joseph l'artisan
Il est urgent de célébrer la fête du travail en admirant le travail comme la fonction suprême de l'homme. Et saint Joseph est un modèle parfait afin de faire du travail une oeuvre qui plait à Dieu. On ne peut pas célébrer le 1er mai, sans penser à tous ceux qui ont perdu leurs emploi, à tous ceux qui sont au chômage.
Serge Xavier Oga
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