Le ministre de la Défense nationale Karidjo Mamadou a été interpellé par l’assemblée nationale le samedi 31 octobre 2015 en séance publique sur la situation humanitaire qui prévaut dans la région de Diffa en ce moment. Des explications fournies par le ministre aux députés, il ressort qu’à la date du 05 Août 2015, la Direction Régionale de l'Etat Civil et des Réfugiés de la région de Diffa a recensé dans 135 sites 138 321 déplacés du Nigeria dont 94 152 réfugiés et 44 169 retournés, 46988 déplacés internes recensés dans 34 villages. Il apparaît aujourd’hui dans la région de Diffa, qu’une personne sur 3 est déplacée. Le ministre de la défense a annoncé aux députés le nombre total des déplacés dans la région de Diffa qui est de « 185309 pour une population globale de 593 821 personnes ». Il a ensuite précisé que cette situation ne prend pas en compte les victimes des récentes attaques des éléments de Boko Haram à Diffa, Ngourtaoua, Baroua, Tchoukoujani, Alla, Dallamaram et Boulangouri. En octobre 2015, les différents attaques de Boko Haram ont obligé plus de 6000 déplacés internes. Le ministre de la défense a reconnu que la psychose qui prévaut dans certaines localités de la région de Diffa, entraîne des déplacements préventifs des populations en particulier celles riveraines de la Komadougou Yobé, vers des localités plus sûres.
Malheureusement, ces départs précipités dans un contexte de vulnérabilité accrue préoccupent tout le monde surtout que la région de Diffa a enregistré un déficit céréalier et fourrager. Sur le terrain la situation humanitaire des déplacés nigérians qui ont fui Boko Haram et des populations hôtes de Diffa est préoccupante. Au niveau des populations hôtes, 405 sur les 606 villages agricoles de la région villages ont été déficitaires lors de la campagne agricole 2014. Malheureusement, la campagne agricole de cette année 2015 s'annonce aussi difficile que celle de 2014 dans la région de Diffa compte tenu des contraintes sécuritaires liées aux exactions de Boko Haram. Selon une estimation du Programme des Nations Unies pour le Développement, entre janvier et juillet 2015 les dégâts et pertes occasionnés par les actions de la secte Boko Haram sont estimés à plus de 19 milliards de FCFA uniquement pour la région de Diffa.
Devant ce tableau on ne peut plus préoccupant, le ministre de la Défense a annoncé aux députés les différentes mesures prises par le gouvernement et les partenaires humanitaires pour soutenir les vulnérables. Karidjo Mamadou a annoncé qu’entre décembre 2014 et octobre 2015, « environ 27 milliards de FCFA ont été mobilisés spécifiquement pour la réponse humanitaire dans la région de Diffa dont environ 3 milliards de FCFA sur fonds propres de l'Etat, le reste financé par les donateurs et les Partenaires Techniques et Financiers ». Cette manne financière a permis de prendre en charge sur le plan humanitaire « 463 000 réfugiés, retournés, déplacés internes et populations autochtones en insécurité alimentaire » a souligné le ministre de la défense qui a aussi précisé que « pour les mois de Novembre et Décembre 2015 une assistance alimentaire pour 475000 personnes est acquise pour un besoin de 463.000 personnes ». Caritas Développement Niger met en œuvre actuellement un programme dans la région de Diffa en faveur de 2000 ménages soit près de 14.000 personnes grâce au soutien financier de plusieurs Caritas membre du Réseau mondial Caritas Internationalis.
Ce conflit a aussi des répercussions sur la scolarisation des enfants dans la zone. Le ministre de la défense a annoncé que les Ministères en Charge de l'éducation ont élaboré un programme d'urgence pour la relocalisation de plus de 12500 élèves dans des sites plus sécurisés. Ce programme d'environ 4 milliards de FCFA a eu l'adhésion des partenaires pour sa mise en œuvre incessamment.
La lutte contre Boko Haram se poursuit sur le terrain. Les insurgés règnent en maître le long des 250 km de frontière entre le Niger et le Nigéria dans la région de Diffa. L’armée nigériane a depuis longtemps plié bagages en abandonnant ses armes aux mains des insurgés qui ont infesté le versant nigérian de la rivière Komadougou Yobé notamment les environs de Baroua où de nombreux jeunes du village ont rejoint les rangs des combattants de Boko Haram.
Serge Xavier Oga
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