Après l’attaque le samedi 25 avril 2015 des éléments de Boko Haram contre les positions de l’armée nigérienne sur l’île de Karamga dans le lac Tchad, le Niger a décidé jeudi 30 avril 2015 de l’évacuation des milliers de personnes des différentes îles du Lac. Selon les autorités locales, la mesure va concerner 27.000 personnes habitants de 74 îles et de 116 villages nigériens. Les populations avaient 72 heures pour tout quitter. La situation humanitaire sur le terrain était devenue très préoccupante et le président a dépêché une délégation officielle sur le terrain.
Hier mardi 5 mai 2015, le premier ministre, Brigi Rafini, à la tête de cette délégation constituée du 1er Vice-président de l’Assemblée nationale, de plusieurs membres du gouvernement, de plusieurs chefs d’agence humanitaire présents à Niamey et des responsables des forces de défense et de sécurité, s’est rendu à Diffa puis à Nguigmi. Il s’est agi pour le premier ministre de constater les conditions dans lesquels les populations regagnent la terre ferme. Dans les échanges qu’il a eu avec les déplacés, Brigi Rafini a beaucoup appris de leurs conditions. Il leur a promis que le gouvernement fera « tout son possible pour qu’il ait une amélioration dans les heures et jours à venir ». Il faut dire que les populations ont décrit au premier ministre les conditions pénibles dans lesquelles elles ont dû tout abandonner et prendre la route à pied. A l’étape de Diffa, le chef du gouvernement nigérien a eu plusieurs entretiens avec les responsables à divers niveaux de Diffa avant de rencontrer les chefs des agences humanitaires. Aux autorités régionales qu’il a rencontrées, Brigi Rafini a dit toute sa peine devant le manque d’initiative et le laisser-aller. Brigi Rafini leur a dit toute sa déception et son incompréhension s’agissant de leur apathie à la souffrance de leurs propres populations. «Je pars inquiet et déçu de ce que j’ai vu ce matin à N’Guigmi ». Dans les échanges avec les humanitaires, ces derniers ont relevé plusieurs insuffisances dans l’opération de relocalisation notamment les conditions de transit et de transport, …
Il faut préciser que les populations avaient reçu un ultimatum de 72 heures pour quitter leurs villages et campements. Sans moyen, ils ont tout abandonné et ont pris le chemin de la terre ferme à pied et arrivent parfois épuisés. Ils n’emportent rien. Cette opération a été décidée pour permettre à l’armée de mener à bien ses opérations militaires dans le secteur. Le combat pour déloger les islamistes de cette région du Niger est devenue de plus en plus meurtrier pour les civiles. Le samedi 25 avril lors de l’attaque de Karanga, 28 civils ont perdu la vie. Les îles et les villages ciblés seraient devenus des zones de replis pour Boko Haram.
Sur le terrain, l’aide humanitaire s’organise et l’urgence est de pouvoir donner du pain à tous ses gens qui sont arrivés sans rien. Il faut aussi pouvoir leur donner de l’eau à boire pour éviter toute déshydratation. La chaleur est intense en ce moment ici et le thermomètre à l’ombre dépasse les 40°.
De Diffa, Serge Xavier OGA
De Diffa, Serge Xavier OGA
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