Cette semaine, nous revenons à nouveau sur AMORIS LAETITIA du pape François. Comme nous l’écrivions il y a quelques jours, il s’agit d’une exhortation apostolique post-synodale consacrée à la joie de l’Amour vécue dans les familles est aussi la joie de l’Église de voir les couples épanouis sous le regard bienveillant de notre Créateur. A travers 9 chapitres, le Saint Père a fait une belle synthèse des échanges des deux synodes consacrés à la famille.
Dans le quatrième chapitre consacré à l’amour dans le mariage le saint Père dévoile quelques vertus de l’amour conjugal. Oui, il n’y a pas de mariage sans amour. L’amour dont il est question n’est pas un amour banal prononcé du bout des lèvres ou envoyé à travers des texto. Il s’agit d’un amour véritable basé sur la sincérité, un amour patient, un amour au service de l’autre,...
Le pape dès l’entame de ce chapitre évoque les raisons pour lesquelles il faut stimuler la croissance, la consolidation et l’approfondissement de l’amour conjugal et familial. La grâce du sacrement du mariage dit-il, est destinée avant tout à « perfectionner l’amour des conjoints ». L’amour qu’évoque le Pape est un amour authentique. Pour bien se faire comprendre, le Saint Père en faisant référence à l’hymne à la charité écrit par Saint Paul, évoque quelque facettes de l’amour : « La charité est patiente ; la charité est serviable ; elle n’est pas envieuse ;… » (Cf. (1Co 13, 4-7). Les qualités de l’amour sont évidemment nombreuses.
L’amour est patience
Il y a d’abord la Patience. Oui l’amour est patience « makrothymei » c’est-à-dire qu’il supporte tout. Cette patience fait référence à Dieu qui est « lent à la colère » (Ex 34, 6 ; Nb 14, 18). A ce niveau, le Pape y voit « une qualité du Dieu de l’Alliance qui appelle à l’imiter également dans la vie ». Et c’est pourquoi, il invite à lire les textes dans lesquels Paul utilise ce terme avec en arrière-fond le Livre de la Sagesse (cf. 11, 23 ; 12, 2.15-18). Le Pape François précise également à ce niveau que « la patience de Dieu est un acte de miséricorde envers le pécheur et manifeste le véritable pouvoir ». Il évoque quelques qualités de la patience : « Avoir patience, ce n’est pas permettre qu’on nous maltraite en permanence, ni tolérer les agressions physiques, ni permettre qu’on nous traite comme des objets ». Cette culture de la patience nous évite de devenir « des personnes qui ne savent pas cohabiter, antisociales et incapables de refréner les pulsions, et la famille se convertira en champ de bataille ». Le pape fait référence ici à l’exhortation de saint Paul aux éphésiens : « Aigreur, emportement, colère, clameurs, outrages, tout cela doit être extirpé de chez vous, avec la malice sous toutes ses formes » (Ep 4, 31). « L’amour a toujours un sens de profonde compassion qui porte à accepter l’autre comme une partie de ce monde, même quand il agit autrement que je l’aurais désiré » précise le saint Père. Cette patience exige d’accepter l’autre aussi comme créature ayant le droit de vivre sur cette terre près de moi, tel qu’il est « peu importe qu’il soit pour moi un fardeau, qu’il contrarie mes plans, qu’il me dérange par sa manière d’être ou par ses idées, qu’il ne soit pas tout ce que j’espérais ».
La patience est aussi une attitude de service
La patience ne saurait être seulement une attitude totalement passive mais elle est surtout une attitude « accompagnée par une activité, par une réaction dynamique et créative face aux autres ». C’est cette patience qui nous montre « que l’amour bénéficie aux autres et les promeut ». C’est à ce titre que l’amour devient « serviable » et surtout qu’il se révèle comme « faire le bien ». A ce niveau, le Pape cite saint Ignace de Loyola qui dit que « l’amour doit se mettre plus dans les œuvres que dans les paroles ». Le Souverain Pontife ajoute que cette amour patience « nous permet d’expérimenter le bonheur de donner, la noblesse et la grandeur de se donner pleinement, sans mesurer, gratuitement, pour le seul plaisir de donner et de servir.
Un si bel amour n’envie pas : « Cela signifie que dans l’amour on ne peut pas se sentir mal à l’aise en raison du bien de l’autre (cf. Ac 7, 9 ;17, 5). C’est ainsi que se dévoile le contour de l’amour chrétien. Dans un style simple, avec des mots ordinaires, François donne aux couples un chemin pour mieux vivre un amour véritable car « le véritable amour valorise les succès d’autrui, il ne les sent pas comme une menace, et il se libère du goût amer de l’envie. Il accepte que chacun ait des dons différents et divers chemins dans la vie. Il permet donc de découvrir son propre chemin pour être heureux, permettant que les autres trouvent le leur ». L’amour n’est pas jaloux et il a pour vocation de libérer des fardeaux encombrants de la convoitise « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, rien de ce qui est à ton prochain » (Ex 20, 17).
Il est impossible de vivre un amour vrai sans la patience. C’est d’ailleurs l’une des racines de l’amour, autrement, ce serait construire un très bel château sur du sable mouvant. Dans notre monde où l’amour conjugal est pris en otage, cette exhortation du pape constitue des recettes que les couples doivent utiliser au quotidien pour faire grandir leur amour sous le regard du Créateur. C’est avec des petits ruisseaux qu’on construit des rivières, qui deviennent des fleuves et les fleuves des mers. Oui l’amour conjugal, cet amour entre un homme et une femme est merveilleux à condition de le nourrir à la sève du Créateur. Ainsi, la famille devenant une église domestique, pourra transformer le monde.
Serge Xavier Oga
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