lundi 28 novembre 2016

MESSAGE DES EVEQUES A L’OCCASION DE LA JOURNEE NATIONALE DE SOLIDARITE 2016

Chers frères et sœurs Il est désormais devenu une coutume pour l’Eglise Catholique au Niger de célébrer la Journée Nationale de Solidarité le dernier dimanche du mois de novembre, en tenant compte des défis majeurs auxquels est confrontée la population nigérienne. Cette année, le thème choisi pour marquer cette journée est : « LA NATURE – UN BIEN COMMUN ! PROTEGEONS-LA ! » Le choix de ce thème a été inspiré par la lettre du Pape François intitulée : « Loué soistu », sur la sauvegarde de la nature.

Rappelons que la journée de solidarité instituée en 2011, vise à mobiliser des ressources financières et matérielles pour aider les populations nigériennes victimes des inondations, des sécheresses, des guerres et toutes autres catastrophes naturelles ou provoquées. 

Elle est organisée à travers la Caritas Développement Niger (CADEV Niger qui constitue l’outil de la pastorale sociale de l’Eglise Catholique au Niger. Elle est née en aout 2005 de l’intégration du bureau d’Animation et de Liaison pour le Développement (BALD) et de la Caritas Niger. 

La CADEV Niger prône la vision suivante : «Les croyants du Niger, animés par leur foi, qui les invite au service des plus pauvres, spécialement ceux qui sont dans des situations déshumanisantes, agissent avec amour et vérité dans la promotion humaine. Elle tient à combattre efficacement la pauvreté morale, spirituelle, instaurer un monde de paix et de justice où la solidarité et la fraternité entretiennent le souffle de Dieu qui anime chaque personne. » 

Au cours des éditions précédentes des Journées Nationales de Solidarité, plusieurs thèmes ont été abordés dont : « Ouvrons ensemble pour une justice sociale au Niger » ou « foi et charité ». 

En cette cinquième Edition 2016, le thème retenu est « LA NATURE – UN BIEN COMMUN ! PROTEGEONS-LA ! ».

Adressée aux chrétiens et à tous les hommes de bonne volonté, cette lettre nous invite tous à prendre soin de la terre que Dieu nous a confiée (n°5). Pour 2 nous, la terre est « comme une sœur », avec laquelle nous partageons l’existence. C’est elle qui nous offre l’eau qui nous permet de nous désaltérer et de nous laver ; c’est elle qui nous offre l’espace qui nous permet de construire une maison pour nous abriter ; c’est d’elle que nous tirons les fruits de notre subsistance. Bref, elle représente une partie de nous. 

Malheureusement, depuis plusieurs années, la terre, « notre maison commune » subit des dégâts que nous lui causons par l’utilisation égoïste et irresponsable, et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Au lendemain des indépendances, nos dirigeants politiques avaient initié la politique des « ceintures vertes » dans les villes et villages en créant « la fête de l’arbre ». Chaque citoyen était alors invité à planter et à entretenir un ou plusieurs arbres. Aujourd’hui, force est de constater que ces « poumons verts » de nos villes ont été abandonnés, morcelés et même vendus. Chose qui porte préjudice à l’oxygénation et à l’écologie de nos villes. « Il faut également considérer la pollution produite par les déchets, y compris les ordures dangereuses présentes dans différents milieux. Des centaines de millions de tonnes de déchets sont produites chaque année, dont beaucoup ne sont pas biodégradables : des déchets domestiques et commerciaux, des déchets de démolition, des déchets cliniques, électroniques et industriels, des déchets hautement toxiques et radioactifs. La terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir… » (n°21). Conséquences : le sol s’appauvrit de plus en plus, obligeant des milliers de personnes à se déplacer pour aller chercher un mieux-être ailleurs ; le bois de chauffe se raréfie, devenant chaque jour plus cher ; les inondations se multiplient, causant d’énormes souffrances à de nombreuses familles ; les nappes souterraines d’eau se polluent progressivement, amoindrissant chaque jour les chances d’offrir à tous une eau potable ; la sécheresse gagne du terrain dans un pays sahélien comme le Niger, entraînant d’autres problèmes tels que la famine dans nos villages. En somme, nous nous détruisons à petit feu en détruisant la nature. Car, chaque fois que nous versons nos eaux usées sur la voie publique au lieu de les mettre dans le caniveau, chaque fois que nous versons nos ordures dans les caniveaux ou jetons nos papiers froissés et nos sachets plastiques n’importe où au lieu de les mettre dans les poubelles, chaque fois que nous négligeons de ranger nos chambres, nos salles de classe, nos bureaux, nos ateliers… nous contribuons à polluer la nature et à dégrader 3 notre propre santé. Oui, le manque d’assainissement a forcément des répercussions sur la santé. 

C’est pourquoi, nous sommes tous vivement invités à mener ensemble des actions concrètes de protection de notre environnement et d’exploitation raisonnable et charitable des biens dont Dieu nous a comblés. Investisseurs, entrepreneurs, opérateurs économiques, leaders religieux, politiques, ONG, simples citoyens et adeptes de quelque religion ou croyance, chacun, à son niveau, doit combattre en lui l’égoïsme et la recherche effrénée du profit et du plaisir, et adopter l’attitude juste et noble qui évitera à notre terre des fléaux. Chercher à manger ou à profiter de la vie ne signifie pas tout écraser autour de nous pour subsister seul. Tous, nous sommes appelés à « une conversion écologique globale », qui passe par « une nouvelle solidarité universelle ». En vérité, tout le discours du Pape François sur la biodiversité (22-32), dans sa lettre, se veut à la fois un regard bienveillant sur la création maltraitée par les hommes, un appel à une prise de conscience et une invitation à célébrer la fraternité universelle : avec Dieu, avec les (autres) hommes et avec la création. C’est un appel à la responsabilité ! Agir ainsi, c’est non seulement participer au développement durable dans notre pays, mais aussi contribuer au bien-être des habitants, pas seulement de notre petit terroir, mais de toute la planète. 

La collecte de fonds qu’organise la CADEV-Niger chaque année pour venir en aide aux plus pauvres, premières victimes des changements climatiques, n’aurait pas de sens si nous ramons vers la prospérité en fermant les yeux sur notre agir qui continue de percer le bateau qui nous porte tous. C’est pourquoi nous sommes invités à mener ensemble des actions pérennes pour lutter contre la pauvreté à notre manière et sur la base de notre foi en Dieu. 

Que le Seigneur soutienne nos efforts de solidarité et nous guide dans toutes nos actions pour un environnement viable et prospère ! Amen. 

Mgr Ambroise OUEDRAOGO & Mgr Laurent LOMPO Evêque de Maradi Archevêque de Niamey

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