lundi 19 décembre 2016

La lutte contre le trafic clandestin des migrants, un impératif de sécurité pour le Niger.

Le Niger a célébré le 18 décembre 2016 le 58ème anniversaire de la proclamation de la République. Dans son message à la nation le samedi 17 décembre, le Chef de l’Etat est revenu sur les défis de la lutte contre le trafic des migrants au Niger. Le Président Mahamadou Issoufou a évoqué le passé glorieux de la ville d’Agadez classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO, une ville considérée jadis comme le cœur de l’industrie touristique du Niger, une ville vidée de ses touristes et qui est devenue une ville de transit de migrants : « le Niger étant devenu, par la force des choses, à travers Agadez, un pays de transit pour de nombreux jeunes candidats à l’immigration illégale vers l'Europe, via la Libye et l'Algérie, c’est l’occasion ici, d’avoir une pensée pour toutes celles et ceux qui ont perdu la vie dans cette périlleuse aventure ».

Le Chef de l’Etat a déclaré que face à ce phénomène qui a déjà arraché la vie à plus de 6500 jeunes seulement en deux ans en méditerranée, le Niger ne peut pas rester insensibles. C’est donc pourquoi, il a décidé d’engager un combat contre le trafic des migrants pour des raisons à la fois morales et sécuritaires : « pour des raisons morales, car les réseaux de trafics des migrants exposent ces derniers à des dangers graves tout au long de leur périple périlleux ...Nous combattons aussi ce trafic car nous savons qu’il est indissociable des autres trafics et de leur lien matriciel avec le terrorisme ». Le président Issoufou a relevé dans son discours que « le véhicule qui part d'Agadez transportant des migrants clandestins et qui les dépose dans le sud libyen revient toujours chargé d'armes ». Ces armes dit-il, « sont introduites dans les circuits du trafic des armes qui servent à entretenir tous les conflits affectant l'espace sahélo-saharien. Il est également établi que le jeune chauffeur de véhicule transportant des migrants par les voies contournant les contrôles, s'aguerrit dans ce métier dangereux et acquiert une expertise qui en fait un bon candidat pour le transport de la drogue ». 

Le Chef de l’Etat a aussi évoqué « l'économie criminelle » qui s'est développée ces dernières années dans l'espace sahélo-saharien à cause du trafic des migrants : « L'économie criminelle qui s'est développée ces dernières années dans l'espace sahélo-saharien se fonde, nous le voyons bien, sur un enchevêtrement de tous les trafics et sert de base pour la prévalence du terrorisme dans nos pays, ainsi que de la menace qu'il constitue pour notre sécurité, notre stabilité, notre économie et l'existence même de nos États. C'est pourquoi combattre le trafic clandestin des migrants est pour nous un impératif tout simplement de sécurité. »

La ville d’Agadez pour des raisons de sécurité est vidée de ses touristes et devenue une ville de transit de migrants. L’enjeu de cette lutte, c’est la neutralisation de toute l’industrie du business qui considère le migrants comme une "marchandise" pour son financement : « combattre le trafic clandestin des migrants est pour nous un impératif tout simplement de sécurité ».

Mahamadou Issoufou souhaite que la ville d’Agadez retrouve sa vocation touristique d’antan. Et pour ce faire dit le président nigérien, « il est nécessaire que la sécurité soit rétablie partout dans le pays »
Il faut rappeler que depuis plusieurs années déjà, les passeurs qui prennent de fortes sommes d’argent auprès des migrants les abandonnent souvent dans le désert. Plusieurs jeunes meurent en plein Sahara avant même d’atteindre les pays d’embarquement vers l’Europe. Fin 2013, 52 enfants, 33 femmes, 7 hommes tous de nationalité nigérienne ont trouvé la mort dans le désert alors qu’il tentait de rejoindre Tamanrasset en Algérie. En 2016, les autorités nigériennes ont retrouvé le corps sans vie de 34 migrants dont 20 enfants près d’Assamaka, le dernier gros village nigérien avant la frontière algérienne. 

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