Un camion de migrants © Serge Xavier OGA/Caritas Niger |
Quelques jours après le drame ayant coûté la vie à au moins 92 migrants nigériens, 72 autres migrants tous de nationalité nigérienne rentrant de l’Algérie ont échappé à la mort. Ils ont été secourus par une délégation officielle du gouvernorat d’Agadez partie se recueillir sur la tombe des 92 migrants morts en octobre et enterrés en plein désert. Le convoi des 72 chanceux composé de 20 femmes et de 52 enfants s’est immobilisé après la crevaison de leur dernier pneu.
Pour rappel, au moins 92 nigériens en route pour l’Algérie sont morts dans le désert de soif et de la faim. Ils étaient 98 personnes à prendre le départ d’Arlit le 2 octobre à bord de 2 Pickup à destination de Tamanrasset en Algérie. 52 enfants, 33 femmes, 7 hommes tous de nationalité nigérienne ont trouvé la mort. Le gouvernement nigérien a décrété un deuil national de 3 jours à partir du vendredi 1er novembre 2013.
Selon le témoignage de Sadabiyu, un rescapé du convoi du 2 ocotobre âgé de 39 ans recueilli par un journal local à Agadez, les familles avaient quitté le département de Kantché dans la région de Zinder et se rendaient en Algérie pour mendier. Leur malheur a commencé seulement à la sortie de la ville d’Arlit. Les 2 pickups surchargés ont connu des éclatements de pneus à répétition et les chauffeurs n’avaient plus de pneus secours après avoir parcouru 150 km. Le convoi manquait d’eau et les hommes étaient partis à la recherche d’un puits d’eau. Ce qu’ils ont réussi à avoir après deux jours de marche. « A notre retour, nous avons retrouvé nos compagnons morts de soif, d’autres ont creusé des trous pour mourir dedans, d’autres vivaient encore mais n’avaient plus de mémoire. A notre arrivée, tous les enfants étaient morts. J’en ai vu une cinquantaine couchés, morts de soif et de faim. C’était insoutenable ! Ces enfants étaient âgés de 10 ans à quelques mois seulement » a déclaré Sadabiyu à Aïr Info. Lui aussi a perdu 3 frères dans ce drame. « Les deux véhicules étaient surchargés puisque nous étions entassés comme des animaux » poursuit-il avant d’ajouter « Avant d’être secourus par un chauffeur, je peux confirmer la mort de 82 personnes et une dizaine de personnes qui se sont égarées dans le désert. Ils seraient morts de soif aussi. C’est ce chauffeur qui a donné l’alerte et informé les autorités algériennes et plus tard nigériennes pour qu’on nous rapatrie à Arlit puis à Agadez ».
Les autorités nigériennes ont décidé depuis le drame d’intensifier les contrôles. Au moins 150 migrants qui s’apprêtaient à prendre la route pour les frontières algériennes ont été arrêtés vendredi et samedi dans le nord du Niger. Selon des sources sur place à Arlit, quelques 100 autres nigériens ont été arrêtés le samedi 5 novembre en plein désert et ramenés à Arlit par la gendarmerie. Il faut dire que les nigériens après la fin de la saison agricole se rendent dans les pays voisins pour de petits boulots ou la mendicité avant de revenir au pays. Par contre les autres nationalités transitant par ici ont pour ambition finale de rallier l’Europe.
Plus de 5000 migrants ouest-africains, selon les Nations Unies ont transité par Agadez chaque mois entre mars et août 2013.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire