Homélie

Homélie de la Veillée pascale 2013
Chers frères sœurs
« La paix soit avec vous »
Nous voici rassemblés en cette nuit, pour fêter la Pâque du Seigneur. Oui frères et sœurs, Christ est ressuscité ! Il est vivant !

Durant trois jours, nous nous sommes efforcés de suivre le Christ souffrant sa passion. Impuissant, nous avons assisté avec tristesse et découragement, à la mort de Celui en qui nous avons  cru et en qui nous avons mis notre confiance. Comme les Apôtres, saisis par la peur, nous avons suivi le Christ de loin par peur d’être compté pour ses disciples. Combien de fois avons-nous, comme Pierre, renié notre foi en Jésus- Christ en cachant notre identité chrétienne par peur d’être reconnu comme chrétien ?

Combien de fois avons-nous trahi Jésus comme Judas Iscariote, en trahissant nos frères et sœurs, nos amis, ceux et celles qui comptaient sur notre bonne foi ou mis leur confiance en Nous ?

Combien de fois nous nous sommes éloignés du Christ en pensant qu’Il n’exauce pas nos prières et demandes pour aller nous confier aux devins ou aux idoles « qui ont des yeux, mais ne voient pas ; qui ont des oreilles, mais n’entendent pas ; qui ont un nez, mais ne sentent pas ; qui ont des mains, mais ne touchent pas ; qui ont des pieds, mais ne marchent pas » (Ps 115, 4-7).

Tous ces comportements nous révèlent la nuit et le désespoir que nous portons ou dans lesquels nous vivons dans la solitude à cause de la dureté de la vie humaine et la souffrance absurde qui nous rongent la vie.

Jésus, durant les trois jours saints qu’il a vécu avant sa mort sur la croix, a vécu, lui aussi, dans sa chair, la solitude humaine ; il a subi la trahison, enduré le mépris et les moqueries, mais il n’ouvrait pas la bouche. Il portait sur lui nos désespoirs, nos souffrances et nos vies défigurées pour les offrir à Dieu son Père. Pour notre salut et notre délivrance, Il (Jésus) souffrit sa passion et fut mis au tombeau….

Mais frères et sœurs, en cette nuit très sainte, une lumière a jailli de nos tombeaux et de nos ténèbres pour illuminer nos vies d’hommes et de femmes. Oui ! Frères et sœurs « Christ est ressuscité ! Il est vivant ! Alléluia ! » En cette nuit très sainte, la vie a vaincu la mort. Dieu a Ressuscité son Fils Jésus, né de Marie. Désormais la mort n’a plus aucun pouvoir sur lui. Souvenons-nous des paroles que le Christ disait tout au long du carême en cette année de la foi. « Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que le troisième jour, il ressuscite. » Ces paroles du Christ s’accomplissent et se réalisent sous nos yeux. « Christ est ressuscité, il est vivant ! » Comme les saintes femmes de l’Ecriture : Marie Madeleine, Jeanne et Marie la mère de Jacques, allons nous aussi dire aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui les merveilles de Dieu à travers la nouveauté de nos vies d’hommes et de femmes illuminées par la Parole du Ressuscités en cette nuit de Pâques. Laissons-nous « étonner » par les signes de la Résurrection du Christ en cette année de la foi.

La Résurrection, frères et sœurs, n’est pas un évènement du passé. Elle se déroule encore aujourd’hui dans nos vies et sous nos yeux. En cette nuit de Pâques des milliers de jeunes, d’hommes et de femmes vont recevoir le baptême, la confirmation et l’Eucharistie dans les différentes églises du monde, pour devenir lumière et sel de la terre au cœur du monde et dans leur milieu de vie. Ils se sont laissés toucher par la Parole de Dieu, ils ont cru en sa puissance de vie et ils ont choisi de se donner au Christ totalement en devenant ses témoins. Baptisés, ils deviendront les ambassadeurs du Christ Ressuscité.

Ce soir dans notre diocèse, ils sont 17 catéchumènes qui recevront le baptême et l’Eucharistie et certains la confirmation. A Maradi, ils sont 11 qui naîtront de l’eau et de l’Esprit-Saint pour devenir enfants de Dieu, dans l’Eglise. Comment ne pas rendre grâce au Seigneur qui, petit à petit, touche le cœur de ses enfants dans son Diocèse ? Portons nos frères et sœurs qui vont être baptisés dans nos prières et par nos exemples de vie, aidons les à grandir dans la foi en Dieu qui est Père, Fils et Saint-Esprit.

Frères et sœurs que la Lumière du Christ Ressuscité illumine nos vies et nous donne la force de témoigner de sa vie chaque jour de notre vie. Lui qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

Mgr. Ambroise Ouédraogo
 
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Homélie du  JEUDI  SAINT 2013
Chers frères et sœurs
Nous voici arrivés au sommet de notre marche vers Pâques. Comme des athlètes en bout de course,  nous  avons, à la suite du Christ, pendant quarante jours, surmonté les difficultés et les obstacles qui se sont retrouvés sur notre route spirituelle durant le temps du carême. Nous avons aussi enduré les épreuves du pardon, connu des chutes et des rechutes dans notre désir de recherche de sainteté et d’amour du  prochain. Ce soir, Jésus nous rejoint sur notre route du carême pour nous inviter à sa table Sainte d’amour.

 Frères et sœurs, celui en qui nous croyons, Jésus-Christ, le Fils de Dieu, « né de Dieu, Lumière, né de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu, engendré, non pas créé, de même nature que le Père ; et par lui tout a été fait… Pour nous… et pour notre salut… il a pris chair de la Vierge Marie ; et s’est fait homme. » C’est autour de Lui, Jésus-Christ, que nous sommes réunis pour nous laisser habiter par sa grâce et son amour infini. Comme au premier Jeudi-Saint, avant de souffrir sa passion, il a tenu à réunir ses disciples autour de lui pour vivre la Pâques juive, en instituant l’Eucharistie, aujourd’hui encore, Jésus nous rassemble pour faire mémoire de lui, en cette année de la foi. « Il est grand, le mystère de la foi » que nous allons vivre et qui nous rassemble en ce soir du jeudi saint. Mais, permettez-moi de nous questionner : « saurons-nous, ce soir reconnaître le visage du Christ ? Quel visage du Christ cherchons-nous à voir ? Quel signe attendons-nous du Christ, ce soir ? » Que voulons-nous voir en ce Jeudi Saint ?

Frères et sœurs, souvenons-nous du récit des disciples d’Emmaüs. (Luc 24,13-35). Ils ont cheminé, marché avec le Christ, côte à côte, sans le reconnaître parce qu’il était « Autre » mais « Le Même ». Ils buvaient ses paroles qui, en eux, les interpelaient et les procuraient une sensation de joie et de bonheur. « Notre Cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait et qu’il nous faisait comprendre les Ecritures. »(v.32). Mais, ce n’est que lorsque Jésus, le Ressuscité prit le « PAIN », le rompit et le leur donna à table, que les yeux des disciples d’Emmaüs s’ouvrirent et ils reconnurent le Christ-Ressuscité. Et lui, tout naturellement disparut à leurs yeux. (V. 30-31). Luc, l’évangéliste conclu son histoire en disant que les disciples s’en retournèrent à Jérusalem dire aux apôtres « Jésus est ressuscité... Nous l’avons vu. Mais les onze apôtres et leurs compagnons avaient déjà vu et cru que le Seigneur est ressuscité qu’il est apparu à Pierre. » (V. 34).

Ce soir, comme à ses apôtres, Jésus nous invite à sa table d’amour. Son Désir le plus ardent est de s’unir à nous, se livrer à nous, corps et âme. Jésus ose faire ce que l’amour humain désire profondément. Il devient nourriture pour ses amis, pour ses frères, pour ceux qu’il aime. Il se laisse manger. Les amoureux, ceux  et celles qui s’aiment nourrissent en eux un désir profond de possession de l’autre, de manger l’autre qu’on aime. C’est ce que les baisers d’amour que se donnent les amoureux veulent signifier. Quand un homme et une femme s’aiment et éprouvent le besoin de s’embrasser profondément, c’est ce qu’ils veulent signifier (naturellement) l’un à l’autre. Mais, ne pouvant pas aller jusqu’au bout du geste et du désir, ils sont quelquefois frustrés et en désirent davantage.

Ce soir, contrairement aux désirs d’amour que nous voulons exprimer à ceux qu’on aime, Jésus, Lui va se livrer pour nous. Il se fait en ce Jeudi Saint, nourriture sacrée pour notre salut. Il se fait lui-même amour qui se donne, se livre à ses amis à la table de l’amour de Dieu : « Prenez et mangez ceci est mon corps livré pour vous ; prenez et buvez, ceci est mon sang, versé pour vous. »  Ce soir, comme au premier Jeudi Saint, Jésus  lui-même nous invite à venir nous nourrir du pain et du vin consacrés, devenus corps et sang du Christ. Jésus, en nous donnant le signe de l’Eucharistie : « faites ceci en mémoire de moi »,  nous montre et nous révèle son grand désir de rester avec nous, d’être présent en nous. Seul l’amour véritable peut réaliser un tel mystère en nous, à condition que nous acceptions de nous ouvrir au mystère de la foi que nous célébrons et à croire en Celui que nous célébrons : Le Christ. Seule la foi peut nous fait entrer dans la pleine connaissance du Christ et de son intimité et nous conduire au témoignage de ce que nous avons reçu : Le Christ-Eucharistie. Qui que nous soyons, nous ne pouvons témoigner que de ce que nous connaissons ou croyons. C’est pourquoi dans son « exhortation apostolique sur l’Eucharistie : sacrement de l’amour, au n° 85)», le Pape Benoît XVI affirmait ceci : « L’émerveillement pour le don que Dieu nous a fait dans le Christ imprime à notre existence un dynamisme nouveau qui nous engage à être témoins de son amour. (Et) nous devenons témoin lorsque, par nos actions, nos paroles et nos comportements, un Autre -(Dieu)- transparaît et se communique. On peut (donc) dire que le témoignage est le moyen par lequel la vérité de l’amour de Dieu rejoint l’homme dans l’histoire(en) l’invitant à accueillir librement cette nouveauté radicale. » Nous pouvons donc conclure que « celui qui ne communique pas la vérité de l’Amour à son frère et à sa sœur n’a pas encore donné assez ».

Chers frères et sœurs, en ce jeudi-saint de l’année de la foi, nous pouvons en toute sincérité, nous demander ce qu’attend Dieu de nous ?
 
A vous, jeunes
En cette année de la foi, n’ayez pas peur de témoigner de votre foi chrétienne au milieu du monde des jeunes dont vous appartenez et faites partie. Soyez des jeunes amoureux du christ, du vrai, du beau et de la vérité à travers vos engagements, vos paroles et vos comportements. Vous ne pouvez pas aimer le Christ en vérité et vivre dans la tristesse. Que votre joie et votre générosité témoignent de l’amour que vous avez pour le Christ, votre Ami et votre Frère.

 Aux familles chrétiennes

A toutes les familles chrétiennes : l’année de la foi est pour vous l’occasion de faire de la famille chrétienne, le lieu de la vie et de l’approfondissement de la foi en Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Faites en sorte que vos familles deviennent, de jour en jour, le « lieu propice pour l’apprentissage et la pratique du pardon, de la paix, de la réconciliation et du témoignage de l’amour de Dieu. » (2ème Synode pour l’Afrique : Prop. 37) Ne laissez pas le cœur de vos familles s’envahir par l’égoïsme, la rancune et la vengeance. Ouvrez vos portes à la Parole de Dieu et vous serez les vrais témoins de son amour et de sa tendresse.

Aux Communautés Chrétiennes de Base…
Chers membres des communautés chrétiennes de base ; Vous êtes l’Eglise-Famille de Dieu au cœur des quartiers, là où vous vivez et où vous vous rassemblez pour prier, lire, écouter et méditer la Parole de Dieu pour devenir chaque jour « sel de la terre et lumière du monde » (Math. 5,13.14). « Votre présence dans les quartiers, comme chrétiens au cœur du l’Islam, ne doit pas vous empêcher d’affirmer votre foi et votre identité chrétienne. Vous devez, par vos bonnes œuvres, témoigner de la présence du Christ en vous. Soyez donc les ambassadeurs de l’amour de Dieu dans vos quartiers. »Aux religieuses…
Chères amies religieuses, « L’Eglise-Famille de Dieu attend beaucoup de vous du témoignage de vie communautaire marqué par la diversité raciale, régionale et ethnique. Par votre témoignage d’unité et d’amour, vous proclamez par votre vie droite,  sincère et joyeuse que Dieu ne fait pas de distinction entre les personnes, et que nous sommes ses enfants, membre d’une seule et même famille, vivant dans l’harmonie, dans la diversité et la paix. » (Propos. 42)

 Aux prêtres…
Quant à vous chers prêtres : aujourd’hui, jeudi-saint, c’est le jour où le Christ Jésus nous a institué « Prêtres de la nouvelle alliance » en remettant l’Eucharistie entre nos mains, dans l’Eglise : « faites ceci en mémoire de moi. » Comme Jésus lavant les pieds de ses disciples, nous sommes invités à l’imiter dans le service de nos frères et sœurs dans l’humilité. N’oublions pas que c’est au cœur de l’Eucharistie que nous trouverons le réconfort pour vaincre notre solitude, supporter nos souffrances et la nourriture pour reprendre le chemin après chaque découragement pour confirmer notre fidélité au Christ-Prêtre.       

 Enfin, frères et sœurs, en ce jeudi-saint de l’année de la foi, prenons le geste du Christ lavant les pieds de ses disciples au sérieux. Jésus nous invite sincèrement à nous pencher pour nous laver les pieds les uns aux autres. C’est un grand don que nous recevons ce soir du Christ lui-même qui, le premier, l’a appliqué. Heureux serons-nous si nous comprenons le geste de Jésus ! Sachons que dans notre vie, nous avons besoin de quelqu’un qui se penche sur nous avec tendresse comme nous avons besoin de nous pencher sur nos frères et sœur avec beaucoup d’attention et beaucoup d’amour. Aujourd’hui, notre Dieu se penche sur nous avec amour et humilité et nous invite à l’imiter : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître- nous dit Jésus ; je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres.  C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jean 13, 15-15)

 Mgr. Ambroise OUEDRAOGO
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Homélie de ce 3ème Dimanche du Temps Ordinaire
Première profession des Sœurs Agnès Ilboudo, Germaine Tago,
Colette Yanogo et Florence Nana
de la Fraternité des Servantes du Christ


Chers frères et Sœurs,
« Que la Paix de Notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ! »
Nous venons de voir Jésus-Christ invité à prendre la Parole se lever ouvrir le livre qu’on lui a présenté et proclamer «  la Parole de l’Ecriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit ».
Oui frères et sœurs, nous sommes venus de nos quartiers et de loin (du Burkina….) laissant nos occupations pour répondre à l’appel de Dieu qui nous rassemble en ce troisième dimanche du temps ordinaire. Comme vient de nous le révéler le livre de Néhémie « ce jour que nous vivons est consacré au Seigneur notre Dieu » (Néh 8,9) Exultons et crions de joie car Dieu a visité son peuple. « Ne nous affligeons pas, la joie du Seigneur est notre rempart » (v10) 
Oui frères et sœurs quatre novices de la Fraternité des Servantes du Christ vont faire leur profession religieuse en prononçant leurs premiers vœux signifiant ainsi leur volonté et leur désir de s’engager résolument dans un esprit d’abandon et d’amour à la suite du Christ-Serviteur.
Ce sont Agnès Ilboudo, Germaine Tago, Colette Yanogo et Florence Nana.
1-      Mais auparavant jetons un regard méditatif sur la lecture de la Parole de Dieu que nous venons d’écouter. Le livre de Néhémie nous montre le peuple élu, de retour de l’exil, décida que désormais, la vie nationale sera sous le signe de la loi de Moïse. De retour sur la Terre Promise, les juifs vont reconstruire le temple et rétablir le Culte, relever les murs de Jérusalem et vivre en communauté. Le passage que nous avons lu du livre de Néhémie (8n1-4a .5-6.8-10) nous décrit l’intronisation de la Parole de Dieu, le livre de la loi de Moïse que le Seigneur avait donné à Israël. Vous avez pu constater que le peuple juif accordait une grande place  et une grande importance au livre de la loi de Moïse. C’était une belle liturgie.
·        Quand on ouvrait le livre de la loi, tout le monde était debout
·        A la prière adressée à Dieu, le peuple levait les mains et répondait : « Amen ! Amen !» puis il s’inclinait et se prosternait devant le Seigneur etc… Avec le retour de la Loi de Moïse dans le Temple reconstruit Dieu trônait désormais au milieu de son peuple. Ce n’était plus le moment de se tourner vers le passé, de pleurer, mais de se réjouir, de manger des viandes savoureuses et de boire des boissons aromatisées et d’envoyer une part à celui qui n’a rien, au pauvre. »
2-      Dans la 2ème lecture, Paul s’adresse aux chrétiens de Corinthe qui convertis à l’Evangile, ont commencé à se diviser. Certains se disent appartenir à Paul, d’autres à Apollos et d’autres encore à Céphas. Pour l’Apôtre Paul, cela est inadmissible. Et il demande aux corinthiens à savoir, si « le Christ est-il divisé ? »(Co 1,10-13). Vous devinez la réponse de Paul. Dans un langage imagé il invite les chrétiens corinthiens à l’unité et les exhorte à mettre le Christ au centre de leur vie au lieu de se laisser gagner par l’esprit de rivalité et de domination : les plus forts voulant dominer les plus faibles. Contre les dérives de la division, l’Apôtre Paul rappelle aux corinthiens qu’ils doivent se laisser habiter par le Christ pour ne former qu’un seul corps mais qui, cependant a plusieurs membres et chacun a sa place pour le bien de tout le corps. Ainsi, « tous que nous soyons païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique esprit pour former un seul corps ». L’Eglise-Famille de Dieu dont le Christ est la tête et les baptisés les membres du corps du Christ, chacun étant appelé à jouer son rôle avec amour dans un esprit de service, à l’image du corps humain qui se compose de plusieurs membres, et non pas d’un seul.
3-      Dans l’Evangile, Luc nous présente Jésus dans la synagogue de Nazareth, où il avait grandi. Le jour du sabbat, ce jour-là, le chef de la synagogue présenta à Jésus le livre du prophète Isaïe pour la lecture. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux captifs la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur ».(Lc4,18) Refermant le livre, Jésus s’assit et dit : « Aujourd’hui, cette parole de l’Ecriture que vous venez d’entendre, s’accomplit ». Jésus révèle à ses auditeurs que « quelque chose de nouveau est entrain de naître au milieu d’eux ». Ils verront l’accomplissement des paroles du livre d’Isaïe. En effet, durant tout son ministère, Jésus va annoncer la Parole de Dieu et accomplir des signes : les aveugles retrouveront la vue, les possédés seront délivrés, les malades guéris, les morts ressusciteront : son ami Lazare (Jn 11,43), la fille de Jaïre (Mt 9,25). Ainsi s’accomplissait la Parole de Dieu en Jésus-Christ.
Frères et Sœurs, aujourd’hui ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur qui nous parle, en cette année de la foi et laissons-nous toucher par la nouveauté de sa Parole d’Amour qui est capable de féconder nos cœurs, de renouveler et d’illuminer nos vies d’hommes et de femmes. C’est aujourd’hui que la Parole de Dieu agit dans nos cœurs et dans nos vies, si nous ouvrons notre cœur à Dieu avec confiance et en vérité.
4-      Aujourd’hui, oui frères et sœurs, quatre novices de la Fraternité des Servantes du Christ feront tout à l’heure leur profession religieuse sous nos yeux. Nous en serons les témoins. Elles sont là devant nous.
Chères filles bien-aimées Agnès, Germaine, Colette et Florence les paroles que vous avez entendues sont profondes et lourdes de sens et s’inscrivant dans l’année de la foi, elles prennent encore pour vous et pour nous, une dimension prophétique à savoir que, c’est Jésus lui-même qui vous attribue cette mission de présence et d’annonce de l’Evangile en vous invitant à vous « investir là où il vous envoie pour pouvoir répondre aux attentes des populations » (§100) qui vous accueilleront. N’ayez donc pas peur, avancez au large : « Duc In altum ». Le Seigneur lui-même vous assistera et vous donnera les armes de vos combats d’Amour. Il ne vous demande qu’une chose la confiance dans la Foi en son Fils Jésus et en son amour qui jamais ne déçoit. Souvenez-vous aussi que c’est « par vos œuvres que vous témoignerez de votre foi ». Si vous avez foi en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, l’Esprit Saint vous animera et fécondera votre mission et vos œuvres pour que le Nom de Jésus soit connu, aimé et accueilli. C’est vous dire que la mission qui vous attend, non seulement elle est noble, passionnante mais aussi exigeante. Il vous faut donc accepter chaque jour de vous conformer au Christ, de vivre votre engagement religieux avec un esprit d’abandon à la volonté de Dieu, c'est-à-dire accepter de vous soumettre à la Parole de Dieu, de vous laisser éclairer par Elle, dans les décisions et actions qu’il vous  arrivera de prendre.
5-      Enfin, ne vous laissez pas envahir par l’esprit de Jalousie et de rivalité. Le malin comme un lion furieux rode autour de vous cherchant à vous faire tomber, à vous éloigner de Dieu, à semer la zizanie entre vous. Ne vous laissez donc pas séduire par le démon. (Ps 9,9b) C’est dans la foi avec Marie que vous résisterez aux tentations du diable. Sachez-le aussi « seul le témoignage de vie, d’amour fraternel » fera de vous des témoins crédibles de la présence de Dieu et aidera les gens à changer de vie et à croire en Jésus-Christ. Soyez donc des femmes de prière et d’action des œuvres de lumière.
Que le Seigneur accueille votre oui et vous consacre par l’action de l’Esprit-Saint afin que vous « portiez la Bonne Nouvelles aux pauvres d’aujourd’hui, aux opprimés la libération, aux aveugles qu’ils verront la lumière et que vous annonciez une année de bienfaits accordée par le Seigneur. »
A Vous Jeunes, qui m’écoutez aujourd’hui, à vous aussi le Seigneur vous invite à le suivre. Il vous dit comme aux premiers disciples : « Que cherchez-vous…venez et voyez » (Jn1, 38-39). L’Eglise-Famille de Dieu qui est à Maradi a besoin de vous pour son service d’annonce de la Bonne Nouvelle au Niger. Dieu a besoin de votre jeunesse, de votre enthousiasme, de votre générosité et de votre amour pour réaliser son œuvre de salut et d’amour au cœur de l’Islam. Aujourd’hui ces jeunes filles qui sont devant vous et qui feront profession viennent du Burkina, d’autres filles sont du Bénin, du Togo et du Tchad. Le Niger n’est pas absent. Deux filles du Niger cheminent en vue de la profession religieuse à venir, nous rendons grâce à Dieu pour ses merveilles.
Chers jeunes garçons et filles du diocèse, le Christ a besoin de vous aussi pour son diocèse qui est à Maradi comme prêtres et religieuses. Si par hasard vous entendez l’appel de Dieu « viens et suis-moi » résonner  dans vos cœurs, ne l’étouffez-pas, laissez la voix de l’appel de Dieu vous illuminer et priez pour que l’Esprit Saint vous donne l’intelligence de votre réponse afin que comme Marie vous puissiez dire : « Me voici Seigneur ! Qu’il me soit fait selon votre Parole.. »
Chers frères et sœurs, accompagnons par nos prières et notre affection nos quatre sœurs qui vont maintenant faire profession de vie religieuse à la suite du Christ Pauvre, Chaste et Obéissant dans l’Unité.
Que Dieu nous exauce !


Donnée à la Cathédrale de Maradi, le 27 janvier 2013



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Homélie du Christ-Roi de l’Univers et première profession de

Sœur Félicité  SAMPO de la Fraternité des Servantes du Christ



Chers frères et Sœurs,

Aujourd’hui, l’Eglise célèbre la Fête du Christ-Roi de l’Univers. Avec ce dimanche nous clôturons les séries des dimanches du temps ordinaire pour commencer un autre temps à venir celui de l’Avent qui nous préparera à la naissance et à l’accueil de Jésus, le Fils du Dieu Vivant.



La liturgie de ce dimanche qui nous rassemble, l’Evangile nous montre un Roi pas comme les autres. Elle nous présente un roi humilié, ridiculisé, vaincu qui a pour nom Jésus-Christ. Et c’est ce roi-là que nous célébrons en ce jour. Ceux et celles qui constatent la figure de celui que nous proclamons Roi doivent s’étonner et se demander avec raison : « Quel genre roi est-ce, cet homme ? ». Alors que les rois trônent sur des troncs en or, portent une couronne d’or et ont un sceptre en or, notre Roi, a pour lui un trône en bois qu’on appelle la croix, une couronne faite d’épines et un sceptre en branche de rameau. Et quand Pilate lui demande : « Es-tu le roi des juifs ? Sans contredire Pilate, Jésus répond : « C’est toi qui le dit, puis il ajoute mais ma royauté ne vient pas de ce monde si ma royauté venait de ce monde, j’aurai eu des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux juifs ».

Oui frères et sœurs, le Roi que nous célébrons est vraiment Roi, mais pas à la manière du monde. Sa royauté ne vient pas de ce monde : elle ne vient pas par les élections ou le choix des hommes, ni par acclamation de la foule. La preuve en est que celui dont nous célébrons la royauté s’est enfui quand la foule a voulu le faire roi après la multiplication des pains.

Oui frères et sœurs, la royauté de Jésus ne vient pas des hommes mais d’en haut, elle naît de Dieu et vient de Dieu et est attestée par Dieu lui-même qui a ressuscité son Fils mort sur la croix par amour pour nous et pour notre salut. Une fois sur la croix, les bras étendus, Jésus nous attirait à lui pour nous présenter à son Père. Par amour pour nous, Il s’est abaissé et Dieu l’a relevé en le faisant Roi de l’Univers. Nous constatons que celui à qui Pilate dit : « Alors, tu es Roi ? » comme pour confirmer que l’accusation portée sur Jésus est Juste ; Jésus lui-même répond en affirmant que c’est pour cela qu’il est venu dans le monde : « pour rendre témoignage à la vérité ». Et ainsi, Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix, la voix de celui qui est le Chemin, la Vérité et la Vie, Jésus-Christ. Aujourd’hui, le Roi qui nous rassemble c’est Jésus le Fils de Dieu, le Ressuscité celui qui a pris notre chair et qui est mort par amour pour nous  afin de nous délivrer de l’esclavage du péché et de la mort.

Oui, frères et sœurs, Jésus est le visage concret de cet amour, le témoin de la « passion » de Dieu pour les hommes. Le pouvoir du Christ-Roi de l’Univers est la force faible de la miséricorde, de la compassion, de la douceur et de l’amour. C’est ainsi que Jésus gouverne le cœur des hommes et des femmes ainsi que l’histoire du monde. Souvenons-nous des béatitudes :

« Heureux ceux qui ont une âme de pauvre (car) le Royaume des cieux est à eux.

Heureux les affligés (car) ils seront consolés

Heureux les affamés et assoiffés de Justice (car) ils seront rassasiés

Heureux les miséricordieux, (car) ils obtiendront miséricorde.

Heureux les artisans de paix (car) ils seront appelés fils de Dieu » (Mt5, 3ss)

Frères et sœurs, en cette année de la foi n’ayons pas honte de croire et d’affirmer notre foi en contemplant notre Seigneur Jésus-Christ. Que la vraie grandeur, la vraie royauté, le vrai pouvoir consiste à se laisser conquérir par la « vérité » de Dieu, par son amour sans limite, qui va jusqu’au don de sa vie pour les autres. Cet amour-là est plus fort que le mal. Nous en sommes témoins, en croyant au Christ-Ressuscité.

C’est à la suite du Christ-Ressuscité, Roi de l’Univers, en sa présence que la Fraternité des Servantes du Christ a choisi pour célébrer les premiers vœux de Sœur Félicité SAMPO. Par l’onction baptismale, par la grâce de Dieu, du peuple de Dieu, Roi, Prophète et Prêtre, tu portes dans ta chaire la marque royale du peuple de Dieu à l’image du Christ-Roi pour servir, aimer et témoigner. En participant à la Royauté du Christ, tu es ainsi appelée à transformer ton milieu de vie en un royaume à l’image de celui du Christ-Roi, c'est-à-dire en un royaume d’amour. A la suite du Christ, pauvre, chaste et obéissant, tu dois témoigner Sœur Félicité SAMPO des valeurs évangéliques à travers ta manière de vivre, d’agir et de parler. C’est par ton témoignage de vie d’amour et de vérité que tu parleras de Jésus-Christ au monde, à tes frères et sœurs, à tous ceux et celles vers qui tu seras envoyée ou ceux avec qui tu feras un bout de chemin dans vie, au quotidien.

Sache aussi que le Royaume du Christ est un Royaume d’amour qui n’est pas celui du pouvoir, de l’égoïsme, du mensonge. Il est celui de la Charité et donc de la vérité. Voilà ce qui t’est confié aujourd’hui. Dieu attend ta collaboration. Fais du Christ, ton Roi et laisse-toi aimer, tu ne seras pas déçue.

Pour cela, il te faut te convertir, te laisser transformer par la grâce de Dieu. Saint Paul te livre le secret de la conversion : c’est d’être à l’écoute de l’Esprit-Saint et se laisser conduire par lui pour produire les fruits de : l’amour, la joie, la patience, la bonté, le service, la confiance dans les autres, la douceur, la maîtrise de soi... Et puisque c’est l’Esprit qui nous fait vivre, laisse-toi conduire par cet Esprit (Ga 5,22-25). Mais, il te faut accepter de passer par le chemin de la croix, si tu veux vraiment te configurer au Christ-Epoux pour l’aimer jusqu’au bout, en servant tes frères et tes sœurs dans la Fraternité des Servantes du Christ.

N’aie donc pas peur d’imiter le Christ. Il te donnera la force et le courage de vivre dans la vérité et de tenir bon dans les difficultés. Ecoute donc la voix du Christ, ton Epoux.

Que Dieu te bénisse, te comble de joie et d’amour et qu’il achève en toi, ce qu’il a déjà commencé.

Que Marie Reine de l’Eglise et Mère de Dieu t’accompagne de ses prières et te présente à son Fils qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !

Donnée à la Cathédrale de Maradi, le 25 novembre 2012
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HOMELIE DE LA CELEBRATION  de PURIFICATION ET D’ACTION DE GRACES
« Confiance, lève-toi ! Ta foi t’a sauvé ! »
Chers frères et sœurs. « Que la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous ».

Comme Bartimée, nous avons été aveuglés par le choc de l’événement que nous avons vécu le 14 septembre 2012, en étant la cible et le témoin du saccage de l’Eglise, de la salle polyvalente, de la grotte mariale et de l’école. C’était inimaginable, inattendu. La peur avait envahi le cœur de tout le monde. La mort était là, au cœur de l’événement. Comme l’aveugle Bartimée, nous avons aussi crié dans le silence en invoquant le nom de Dieu dans nos cœurs : « Jésus, Fils de David, aie pitié de moi ». Quand le danger se fut éloigné, la confiance était au rendez-vous. Et c’était le tour des questions de surgir. Pourquoi ont-ils fait cela ? Qu’avons-nous fait pour qu’ils s’en prennent à nous ? Avec tout ce que nous faisons ici à Zinder comme actions sociales et activités au niveau de l’éducation scolaire, de la promotion féminine, de la santé des projets de sécurité alimentaire, des distributions de vivres aux pauvres, aux victimes d’inondation etc…Avec tout cela, pourquoi viennent-ils nous attaquer, profaner notre maison de prière, profaner la grotte mariale et détruire nos installations. Pourquoi ? Pourquoi ?...Allons-nous nous taire ? Nous laisser faire...sans réagir ? Quand l’aveugle Bartimée se retrouva devant Jésus qui lui dit : « Que veux tu que je fasse pour toi ? Bartimée sans hésiter dit : « Que je voie » et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé ».

Ce matin, nous voilà comme Bartimée devant le Seigneur au cœur de notre célébration eucharistique.

Comme hier, Jésus nous parle ce matin à travers les lectures de la Parole de Dieu, mais aussi à travers les événements que nous vivons : qu’ils soient grands ou petits, violents ou joyeux, tumultueux ou calme. Dieu nous parle toujours, et nous fait signe ; mais liberté nous est donnée de lire ses signes avec les yeux de la foi, d’y voir la présence de Dieu en écoutant ses paroles ou de nous enfermer dans nos convictions personnelles et refuser de discerner les signes que Dieu nous donne pour affermir notre foi (Mt 16,4).

Chers frères et sœurs, nul doute que les événements du 14 septembre nous ont tous ébranlés dans nos convictions et dans notre foi. Nous n’aurons jamais cru que pareille situation nous arriverait. Mais la preuve est sous nos yeux et dans nos esprits. Nous portons dans notre cœur et dans notre chair d’homme et de femme, la peur de l’événement, survenu le jour de la fête de la Croix glorieuse. Par coïncidence le dimanche 16 septembre, l’Evangile du 24ème dimanche nous interpellait sur l’identité du Christ et ses conséquences sur nos vies de croyants. Jésus comme à ses disciples nous interroge aujourd’hui : « Pour vous qui suis-je ? » Comme l’Apôtre Pierre, nous sommes pressés de répondre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ». Mais sommes-nous vraiment préparé à aller jusqu’au bout de notre foi en Jésus-Christ ? Sommes-nous prêts à obéir à la demande du Christ-Ressuscité : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Evangile la sauvera » (Mc 8,35).

Frères et Sœurs, Dieu n’est pas absent de nos vies, ni au cœur des événements du monde. Il est présent d’une présence autre que nous espérons ou attendons voir. Nous aurons voulu que Dieu se  manifester à nos yeux par un signe de sa gloire toute puissante. Mais comme à son habitude, il nous parlait autrement comme sur la croix à ses bourreaux : « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». En profanant l’Eglise et la grotte mariale les « assaillants » ont cru triompher du Dieu de Jésus-Christ à travers nos symboles religieux. Tout comme les bourreaux du Christ au Golgotha quand ils clouaient Jésus en Croix ; mais ils ignoraient que c’était Dieu qui était là, et qu’ils s’en prenaient à Lui. Mais Dieu les pardonnait : « Père pardonne leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ».

Aujourd’hui, nous implorons le Christ, le Grand Prêtre chargé d’intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, pour le pardon de nos fautes et de ceux qui ont profané l’Eglise et la grotte mariale. Seul le Christ est en mesure de comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par égarement. Mais à nous qui sommes ses disciples, Jésus nous invite à la confiance. A toute la communauté chrétienne de Zinder, Jésus vous dit : « Confiance, lève-toi, N’ayez pas peur !  Je suis avec vous tous les jours ».

Oui, frères et sœurs, n’ayons pas peur, mais avançons au large dans la foi en notre Seigneur Jésus-Christ. Il nous appelle à témoigner de notre foi pas seulement en temps de paix mais aussi dans les moments difficiles et dans moments de troubles.  Bartimée, l’aveugle qui a retrouvé la vue, grâce à sa foi en Jésus est devenue disciple en suivant Jésus. Il est «  sur » la route et non au bord de la route. Il est sur la route qui va vers Jérusalem, la ville de la passion et de la croix. Oui, Jésus en qui nous croyons est un Messie souffrant. C’est Lui, notre Maître, notre Seigneur, notre roi. Que son nom soit béni. En cette année de la foi, ayons les yeux fixés sur Jésus et demandons lui d’augmenter en nous la foi que nous avons mis en lui.

Lors de notre Assemblée pastorale d’octobre qui s’est tenue à Maradi, nous nous sommes donnés comme vision : « Enracinés en Jésus-Christ, Parole de Dieu et Pain de Vie, construisons une Eglise-Famille de Dieu, missionnaire, témoin de la Réconciliation, de la Justice et de la Paix ». Et notre objectif 2012-2013 est d’arriver à montrer notre foi en Jésus-Christ par nos œuvres. (Jc 2,17) « C’est par nos œuvres que nous montrerons notre foi ». C’est une exigence pour l’Eglise, pour nos communautés chrétiennes de Servir, et pour les chrétiens d’être de vrais serviteurs à l’image de Jésus. Le service est un élément important de notre identité chrétienne. La vocation de l’Eglise et du chrétien est de servir comme le Seigneur lui-même l’a fait gratuitement et pour tous, sans distinction. Nous devons aussi être des artisans de Réconciliation, de Justice et de Paix comme nous è invite le 2ème synode des évêques pour l’Afrique, dans un monde où la violence ne cesse d’étendre son cortège de mort et de destruction. Seul Dieu peut nous donner la force et le courage de poser des actes prophétiques au cœur de notre monde en pleine ébullition.

C’est pour nous chrétiens et musulmans, hommes et femmes de foi et de bonne volonté, de prendre au sérieux la route du dialogue islamo-chrétien, dans un esprit de sérénité, de confiance et d’amour, dans la vérité. Evitons de tomber dans le pessimisme généralisé en devenant sceptique sur le bien fondé du dialogue entre chrétiens et musulmans au Niger. J’ai la conviction que l’Eglise Catholique au Niger est non seulement respectée mais admirée et digne de foi et de confiance. Nous avons reçu des paroles de compassion et des gestes de soutien et d’amitié de la part des musulmans. Rien que ces gestes suffisent pour nous donner force et espérance sur le chemin du dialogue entre chrétiens et musulmans. Evitons de croire que nous dialoguons par peur ou par faiblesse. Nous ne dialoguons pas par faiblesse, mais nous dialoguons parce que nous croyons en Dieu, le Créateur et le Père de tous les hommes et dialoguer est une autre manière d’aimer Dieu et le prochain dans l’amour de la vérité. Je vous exhorte donc « à persévérer dans l’estime des musulmans … » et si nous tous, chrétiens comme musulmans, croyons en Dieu et désirons servir la réconciliation, la justice et la paix, nous devrons œuvrer ensemble pour bannir toutes les formes de discrimination, d’intolérance et de fondamentalisme confessionnel.

Chers Frères et Sœurs, comme disait Saint Anselme « Je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre ». Et St Augustin n’hésite pas lui aussi à dire « crois et tu comprendras ». C’est dire que c’est dans la foi que nous comprenons le sens de la profession de foi avec notre intelligence, mais aussi avec notre corps, entrainé à suivre le Christ sur des chemins imprévus. Seule la foi en Jésus-Christ peut nous ouvrir les yeux du cœur pour nous introduire dans le mystère de l’amour de Dieu pour les hommes et les femmes, créés à son image et à sa ressemblance.

Demandons au Christ Ressuscité de faire de nous, les messagers de sa Bonne Nouvelle.

Bonne Fête paroissiale ! Puisse Ste Thérèse de l’Enfant Jésus faire descendre sur vous des pluies de roses de l’amour de Dieu.

Que Dieu vous bénisse !

Monseigneur Ambroise OUEDRAOGO
Donnée à Zinder en ce jour 28 octobre 2012