vendredi 1 juillet 2016

Madagascar: Le diocèse de Maradi a participé au séminaire de formation sur les Fondamentaux de l'Edification de la Paix et la Gouvernance en Afrique

Du 06 au 10 juin 2016 et du 13 au 17 juin 2016 à Foulpointe dans le diocèse de Tamatave à la côte Est de Madagascar, Catholic Relief Services par le biais de son Institut pour la Paix en Afrique, a organisé deux séminaires de formation sur les Fondamentaux de l’Édification de la Paix et la Gouvernance en Afrique. Le premier séminaire a accueilli les participants francophones venus d’une dizaine de pays d’Afrique francophone (Niger, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Sénégal, RCA, Rwanda, Burundi, RDC, Guinée, Madagascar) et la seconde session a été consacrée aux partenaires de plusieurs pays anglophones d’Afrique. Mgr Ambroise Ouédraogo (Evêque de Maradi), Mamane Magagi et Serge Xavier Oga ont participé au séminaire francophone au titre des partenaires CRS du Niger. 

La cérémonie d’ouverture de la formation a été présidée par l’Archevêque de Toamasina, Mgr Désiré Tsarahazana. Le prélat de Tamatave et président de la conférence épiscopale de l’île, a souhaité la bienvenue à tous les participants et a salué les efforts déployés par tous les acteurs de Justice et Paix en Afrique pour porter la voix des plus pauvres sur le continent. Mgr Désiré Tsarahazana a ensuite déclaré que les thèmes qui seront abordés au cour du séminaire, sont aussi très importants pour l’Eglise Catholique qui est à Madagascar dans son ensemble. Il a évoqué les préjudices que subissent les pauvres paysans qui sont expropriés de leur terre pour l’exploitation minière sans compensation véritable. L’Archevêque de Toasmina a évoqué la corruption et surtout la mauvaise gouvernance qui plombent les espoirs des habitants de la grande île. La corruption est entrain de tout détruire en ce moment à Madagascar a déclaré le prélat avant de souhaiter plein succès aux participants.

Prenant part à cette rencontre, Mr Scott Campbell Directeur Régional Afrique Central de CRS après avoir faire la genèse du groupe des experts de CRS pour la paix, a dit toute l’attention que CRS porte aux thématiques de Juste et Paix qui selon lui, sont fondamentales pour la réussite des projets. L’IPA vise à travers ses formations à équiper le personnel et les partenaires du CRS en outils et méthodes, de créer des espaces de réflexion sur l’enseignement social de l’Eglise et la justice et la paix,…

Durant 5 jours les participants ont suivi plusieurs formations sur les fondements de l'engagement de CRS à l'Edification de la Paix, comprendre le Conflit et la dynamique du conflit en Afrique, les cadres d'édification de la paix et les outils d'édification de la paix, la gouvernance et le renforcement des capacités institutionnelles, …

Au cours de ce séminaire, plusieurs participants ont témoigné de leur engagement pour la paix et la justice. C’est d’abord les Commerçantes Solidaires pour la Paix (CoSoPax) qui partagé leur engagement. Il s’agit d’une initiative de CRS dans les grands lacs pour permettre aux femmes des diocèses transfrontaliers de Cyangugu (Rwanda), Bukavu, Uvira (RDC) et Bujumbura (Burundi) qui font le commerce transfrontalier d’œuvrer pour la culture de la paix dans leur espace géographique miné par des violences, des préjugés, des conflits interminables. Progressivement, les mamans commerçantes ont appris à se connaitre, à se comprendre, à lever les tabous et les préjugés de tout genre qui empêchent la cohésion sociale. Cette expérience porte des fruits et ce partage a permis de voir qu’ensemble et par le dialogue et la communication, la paix devient possible.

Toujours au chapitre de témoignages, le Père Jean Nolasque du diocèse de Cyangugu a partagé une expérience d’une nouvelle gestion professionnelle de l’économat des paroisses de sons diocèse. L’expérience a débuté par un renforcement de capacités institutionnelles du diocèse. L’appui a permis au diocèse de faire une évaluation interne et d’étudier les possibilités d’amélioration de la gestion financière et surtout d’améliorer sa viabilité financière. Ce travail a abouti à un premier plan stratégique quinquennal (2006–2010). Le diocèse de Cyangugu est allé au-delà d’un simple système basé sur l’honneur, la charité et de la bonne volonté en créant des outils professionnels de gestion. Le diocèse de Cyangugu grâce à cet appui de CRS a développé 30 outils de gestion administrative et financière, des outils adaptés pour inclure le langage et les structures de l’Église.

Grâce à ces outils, le diocèse a noté une amélioration des procédures de suivi et de reddition des comptes. Le Père Nolasque qui est l’économe diocésain a déclaré dans son témoignage que cette nouvelle manière d’administrer a permis de suivre de plus près la gestion financière des paroisses, d’évaluer l’apport financier du diocèse aux efforts de développement global du pays. Aussi, le diocèse de Cyangugu a opté pour une gestion professionnelle de ses ressources humaines. Il a pris conscience des législations rwandaises en matière de travail. Désormais, le personnel dispose d’un contrat de travail écrit et enregistré, d’une inscription à la sécurité sociale. Les employés ont un cahier de charges, des salaires décents, …

Les participants à l’IPA 2016 ont aussi bénéficié du témoignage des frères de la république centrafricaine, du Mali sur la situation d’insécurité quotidienne que traversent leurs pays. Enfin, les « exilés » de Vouchytrambatou dans le diocèse de Tamatave ont témoigné de la situation dans laquelle ils sont plombés. Le malheur de ces malgaches a commencé le jour où du Nickel a été trouvé sur leur terre. Le village a été déplacé et les promesses n’ont pas été tenues. Ils ont affirmé qu’il leur a été versé des sommes dérisoires. Le cœur compatissant de l’Eglise l’a convaincu d’aider ses milliers de malgaches qui sont dans la même situation que les habitants de Vouchytrambatou. A travers le projet Taratra (Transparence), la Conférence Episcopale de Madagascar dans les diocèses de Moramanga, Toasmina, Fénérive Est, Tsiroanomandidy, Toliara, Majanga et Tolagnaro (ex Fort-Dauphin) fait un plaidoyer pour la bonne gouvernance de l'exploitation minière à Madagascar. L’île suscite aujourd’hui l’appetit glouton des grands groupes miniers chinois, canadiens, australiens, … Pour l’Eglise Catholique qui est à Madagascar, les richesses naturelles, minières, pétrolières et gazières de la grande île sont un don de Dieu à un peuple et pour le bien de ce peuple. C’est pourquoi avec CRS à travers le projet Taratra, l’Eglise se bat pour plus de transparence dans les industries extractives, pour un code minier juste et équitable, pour un respect de l’environnement, une gestion transparente des dommages aux pauvres paysans expropriés. Ainsi donc, tout le combat vise à renforcer les capacités de la société civile à la base et de l’Eglise, afin de demander des comptes aux autorités compétentes, s’assurer de la transparence de la gestion des industries extractives et de la participation de la population dans le suivi de cette gestion, de renforcer les capacités des collectivités locales face aux projets miniers, réviser le code foncier archaïque et défavorable aux pauvres.

Madagascar est riche mais les malgaches sont pauvres. Plus de 60 % de la population vit avec moins de 1 dollar au quotidien et à peine 50 % de la population a accès à l’eau potable. C’est donc un devoir pour l’Eglise d’aider les malgaches à réellement bénéficier des profits tirés de l’extraction des ressources minières de l’île continent.

Les participants hormis les théories, ont pu voir l’immense travail qu’il faut poursuivre pour plus de justice et de paix dans notre monde. A travers Paix et Justice, CRS et ses partenaires font la promotion de la justice et de la paix selon l’Evangile et la Doctrine sociale de l’Eglise. C'est clair, comme l'a si bien dit Pierre Doumergue dans son célèbre chant j'irai vers la montagne, "Contre l’injustice, si je n’ai rien fait, je serai complice de tous ses méfaits".

Serge Xavier Oga

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