jeudi 14 février 2013

Mgr Ambroise Ouédraogo participe en Allemagne à la campagne de Carême 2013 de Misereor contre la faim


Mgr Ambroise Ouédraogo participe cette année à la Campagne de Carême 2013 de Misereor en Allemagne en compagnie de Messieurs Illo Abdoulmouni, Directeur de la Caritas diocésaine de Maradi et de Raymond Yoro Younoussi, Secrétaire Exécutif de la Caritas Développement Niger.
« On en a assez de la faim » c’est le thème de cette édition. Contrairement à ce que pense la majorité des humains, la faim n’est pas une catastrophe naturelle. Elle est le résultat de l’injustice structurelle. En Afrique, les dépenses consacrées à l’agriculture sont passées de 7% à 4 % sur la période 1980-2004. Malheureusement déplore Misereor, « plutôt que de soutenir la production des petits paysans, les politiques agricoles nationale et internationale donnent la priorité au financement de l’agriculture industrielle tournée vers l’exportation ».

Si les êtres humains ont faim, cela est aussi du en partie à l’accaparement des terres. En effet, dans la plupart des pays en développement, la distribution de la terre est très inégale. Une petite quantité de riches propriétaires terriens possèdent la majorité des terres fertiles. Les pauvres se réduisent à des lopins de terres de moins de 2 hectares. De plus en plus de groupes industriels se rabattent sur l’Afrique où ils achètent aux Etats, des millions d’hectares de terres. Cet accaparement de terres dans les zones pauvres est une menace pour le développement et la sécurité alimentaire des petits paysans.

Aussi, l’agriculture industrielle provoque la faim dans le monde. Selon les spécialistes, cette agriculture est responsable d’environ 20% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. C’est elle qui provoque la destruction et l’érosion des sols ainsi que leur salinisation. Elle pollue les réserves d’eau et consomme beaucoup d’énergie.

L’agriculture dans les pays riches est subventionnée par les Etats. C’est d’ailleurs pour cela que les produits sont à un prix abordable. En Afrique, c’est le contraire. Les petits producteurs se débrouillent au quotidien. Si en Europe, il y a une alternative au marché pour absorber les débauchés du secteur agricole, ce n’est pas le cas dans les pays en voie de développement comme le Niger. Si les 80% de ceux qui vivent de la terre doivent changer de profession, le taux de chômage va exploser. La pauvreté et la famine deviendraient davantage massives.

Ce n’est plus un secret pour personne, les changements climatiques provoquent la faim dans le monde. Les spécialistes pensent  qu’à cause du changement climatique, le nombre mondial de personnes menacées de famine augmentera probablement de 10 % à 20 % comparé à une situation sans changement climatique. Le manque de pluie, les cyclones, les vagues de chaleur, les sécheresses, … provoquent des pertes de récolte pour les petits paysans. Faut de couverture sociale et de réserves financières, les petits paysans sont durement frappés par les changements climatiques. Aujourd’hui, il est nécessaire voire fondamentale d’aider les paysans à adapter eux-mêmes leurs semences et leurs modes de cultures aux conditions de leur milieu plutôt que de leur imposer des semences inadaptées.
Pour réduire la faim dans le monde, il est urgent de revoir le mécanisme du marché mondial qui permet à des grands exploitants de dicter leur loi. Le monde marché planétaire est en défaveur des petites exploitations. L’agriculture d’exportation porte préjudice à la production de nourriture pour la population locale. Un poulet produit au Brésil importé au Niger coute moins cher qu’un poulet local parce que le poulet brésilien, français, chinois, …  est souvent issu de secteurs de l’agriculture industrielle fortement subventionnés dans les pays plus riches.

La faim dans le monde est aussi l’œuvre de la spéculation. Aujourd’hui, le marché est régit par des investisseurs dictent leur dicte leurs prix. En créant des demandes virtuelles, ils bouleversent les marchés  et provoquent des hausses de prix sans cesse. En 2011, les banques allemandes ont investi selon Miseror « pour 11,4 milliards d’euros dans des immobilisations liées aux prix des denrées alimentaires. Cette situation est désastreuse pour ceux des pays en développement tributaires des importations, dont la population pauvre dépense jusqu’à 80% de ses revenus pour l’achat de nourriture. Quand, après la crise de 2008, les prix des denrées alimentaires ont de nouveau flambé en 2010/2011, quelque 44 millions d’êtres humains supplémentaires ont été précipités dans la famine ».

La faim dans le monde est un défi pour tous. La terre peut fournir à chaque habitant sa ration alimentaire. La faim est un scandale qui détruit la vie présente et compromet la vie future.
 

Le chrétien doit jouer un rôle important dans la réduction de cette inégalité. Il doit imiter Jésus qui a pitié de la foule qui a faim.

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