Mgr Ambroise Ouédraogo
participe cette année à la Campagne de Carême 2013 de Misereor en Allemagne en
compagnie de Messieurs Illo Abdoulmouni, Directeur de la Caritas diocésaine de
Maradi et de Raymond Yoro Younoussi, Secrétaire Exécutif de la Caritas
Développement Niger.
« On en a assez de
la faim » c’est le thème de cette édition. Contrairement à ce que pense la
majorité des humains, la faim n’est pas
une catastrophe naturelle. Elle est le résultat de l’injustice
structurelle. En Afrique, les dépenses consacrées à l’agriculture sont passées
de 7% à 4 % sur la période 1980-2004. Malheureusement déplore Misereor, « plutôt
que de soutenir la production des petits paysans, les politiques agricoles nationale
et internationale donnent la priorité au financement de l’agriculture
industrielle tournée vers l’exportation ».
Si les êtres humains
ont faim, cela est aussi du en partie à l’accaparement des terres. En effet, dans la plupart des pays en
développement, la distribution de la terre est très inégale. Une petite
quantité de riches propriétaires terriens possèdent la majorité des terres
fertiles. Les pauvres se réduisent à des lopins de terres de moins de 2
hectares. De plus en plus de groupes industriels se rabattent sur l’Afrique où
ils achètent aux Etats, des millions d’hectares de terres. Cet accaparement de
terres dans les zones pauvres est une menace pour le développement et la
sécurité alimentaire des petits paysans.
Aussi, l’agriculture
industrielle provoque la faim dans le monde. Selon les spécialistes, cette
agriculture est responsable d’environ 20% des émissions de gaz à effet de serre
dans le monde. C’est elle qui provoque la destruction et l’érosion des sols
ainsi que leur salinisation. Elle pollue les réserves d’eau et consomme
beaucoup d’énergie.
L’agriculture
dans les pays riches est subventionnée par les Etats. C’est d’ailleurs pour
cela que les produits sont à un prix abordable. En Afrique, c’est le contraire.
Les petits producteurs se débrouillent au quotidien. Si en Europe, il y a une
alternative au marché pour absorber les débauchés du secteur agricole, ce n’est
pas le cas dans les pays en voie de développement comme le Niger. Si les 80% de
ceux qui vivent de la terre doivent changer de profession, le taux de chômage
va exploser. La pauvreté et la famine deviendraient davantage massives.
Ce n’est plus un
secret pour personne, les changements
climatiques provoquent la faim dans le monde. Les spécialistes pensent qu’à cause du changement climatique,
le nombre mondial de personnes menacées de famine augmentera probablement de 10
% à 20 % comparé à une situation sans changement climatique. Le manque de
pluie, les cyclones, les vagues de chaleur, les sécheresses, … provoquent des
pertes de récolte pour les petits paysans. Faut de couverture sociale et de
réserves financières, les petits paysans sont durement frappés par les
changements climatiques. Aujourd’hui, il est nécessaire voire fondamentale d’aider
les paysans à adapter eux-mêmes leurs semences et leurs modes de cultures aux
conditions de leur milieu plutôt que de leur imposer des semences inadaptées.
Pour réduire la
faim dans le monde, il est urgent de revoir le mécanisme du marché mondial qui
permet à des grands exploitants de dicter leur loi. Le monde marché planétaire
est en défaveur des petites exploitations. L’agriculture d’exportation porte
préjudice à la production de nourriture pour la population locale. Un poulet
produit au Brésil importé au Niger coute moins cher qu’un poulet local parce
que le poulet brésilien, français, chinois, …
est souvent issu de secteurs de l’agriculture industrielle fortement
subventionnés dans les pays plus riches.
La faim dans le monde est aussi l’œuvre de la
spéculation. Aujourd’hui, le marché est régit par des investisseurs
dictent leur dicte leurs prix. En créant des demandes virtuelles, ils bouleversent
les marchés et provoquent des hausses de
prix sans cesse. En 2011, les banques allemandes ont investi selon Miseror « pour
11,4 milliards d’euros dans des immobilisations liées aux prix des denrées
alimentaires. Cette situation est désastreuse pour ceux des pays en
développement tributaires des importations, dont la population pauvre dépense
jusqu’à 80% de ses revenus pour l’achat de nourriture. Quand, après la crise de
2008, les prix des denrées alimentaires ont de nouveau flambé en 2010/2011,
quelque 44 millions d’êtres humains supplémentaires ont été précipités dans la
famine ».
La faim dans le
monde est un défi pour tous. La terre peut fournir à chaque habitant sa ration
alimentaire. La faim est un scandale qui détruit la vie présente et compromet
la vie future.
Le chrétien doit
jouer un rôle important dans la réduction de cette inégalité. Il doit imiter Jésus qui a pitié de la foule qui a faim.
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