mardi 16 juillet 2013

Syrie: lumière sur l'offrande du père François de l'Enfant Jésus Mourad

"J'offre ma vie de grand coeur pour la paix"
ROME, 15 juillet 2013 (Zenit.org) - Depuis le 18 juin, la paix en Syrie, et le sort des chrétiens en particulier, à Homs et Alep, sont l'intention de prière proposée par Zenit. C'est pourquoi nous vous faisons part de ce témoignage.

Un courriel en date du 13 juillet, dont nous taisons la source pour ne pas la mettre en danger, nous fait parvenir ces lumières sur le martyre du père François Mourad, en Syrie, à Ghassanié, le dimanche 23 juin, à l'âge de 49 ans.

Son dernier SMS
Le P. François, après plusieurs essais de vie religieuse et monastique (entre autres chez les Franciscains et à la Trappe de Latroun, au Liban), avait fondé, sous l'obédience de l'évêque syriaque catholique de Hassaké, Mgr Behnam Hindo, un monastère à Saint Siméon le Stylite. Les constructions commençaient quand il dut quitter les lieux par prudence. Il recommença plus loin ; mais même résultat au bout de quelques mois. Finalement il avait construit un monastère près de Ghassanié, au nord ouest d'Alep, près de la frontière turque. Ce monastère avait été inauguré en août 2010.

Il y a quelques mois, ce monastère fut envahi et pillé par l'armée libre qui a tout pris - même les portes -! ou démoli. Le P. François s'est alors réfugié à la paroisse latine de Ghassanié, tenue par des Franciscains.
Le Père François aimait beaucoup – en plus de la Petite Thérèse - le P. Charles de Foucauld : il vivait une même situation de solitude et d'échec et il est mort comme lui, de mort violente.
Sa pauvre maman est effondrée. Elle avait déjà perdu un fils et une fille et un petit- fils mort d'un cancer il y a un an environ.
Régulièrement, le Père François envoyait des messages à des religieuses pour lesquelles il venait parfois dire la messe. Voici le dernier, daté du 1er juin 2013, début du mois du Sacré-Cœur :
"Chères Sœurs, Lorsque nous comprenons les étendues et le joyau que représente l'amour dans notre vie consacrée à l'Amour même, il nous est facile de comprendre la profondeur et le mystère de la souffrance nous conduisant à son tour à la compréhension du Christ Crucifié. Celui-ci nous a appris que l'amour a un synonyme qui s'appelle la souffrance. Père François de l'Enfant Jésus Mourad "
Eclats de voix et coup de feu
Voici le témoignage que les Sœurs du Rosaire, qui tiennent la paroisse de Ghassanié depuis que leur école a été pillée, ont donné de sa mort lors de la messe célébrée le 25 juin dernier, à la cathédrale syriaque-catholique d'Alep, pour le défunt frère François.
Les sœurs ont entendu des éclats de voix puis des coups de feu. Il semble que les agresseurs aient demandé quelque chose au Père François. Celui-ci ayant refusé, ils l'ont tué. Ils avaient déjà pénétré dans le presbytère la veille, avaient proféré des menaces puis ils étaient partis. Bien des choses demeurent floues dans ce drame. Tout ne peut sans doute pas être dit. Mais ce qu'il y a de sûr, c'est que le P. François de l'Enfant Jésus est bien mort martyr, au sens plénier et chrétien du mot.

Voici des extraits de lettres que le P. François envoya ces derniers mois Mgr Behnan Hindo, évêque syriaque-catholique de Hassaké (Mgr Hindo avait sous sa juridiction le monastère de Saint Siméon fondé par le P. François). Elles montrent que le Père était conscient du danger mais qu'il "offrait de tout cœur sa vie pour la Paix". Ces lettres ont été communiquées à une émission de la chaîne de télévision catholique libanaise, Télé-Lumière.
"Le témoignage du P. François peut se résumer en ces mots : "J'offre ma vie avec joie" : ainsi le Père accueillit-il son martyre dans son couvent de Saint Siméon le Stylite à Ghassanié, le dimanche 23 juin dernier, dans des conditions barbares et obscures, de la main d'un groupe islamiste extrémiste.
Les lettres de l'offrande
Première lettre, du 18 juin 2012 : "Monseigneur, "Barekh Mor" (expression syriaque d'usage qui signifie "Bénis, Seigneur"), nous sommes en danger. Nous ne pouvons ni sortir du village ni y entrer. Ils ont attaqué des églises et des insignes religieux. Chaque jour l'un de nous disparaît. Je ne sais pas quand viendra mon tour. De toutes façons, je suis prêt à mourir ; et que mon Eglise se souvienne que j'ai offert ma vie avec joie pour chaque chrétien de ce cher pays. Priez pour moi."

Lettre du 20 février 2013 :"Monseigneur, "Barekh Mor". Les événements se précipitent et je pense que nous sommes entrés dans une étape décisive de notre combat. Après avoir brûlé l'église grecque (byzantine) et détruit le sanctuaire marial des Latins, ils ont tout pillé et détruit dans mon couvent et chez les protestants. Ils ont cassé et brûlé tous les insignes religieux dans le village et placardé des blasphèmes contre notre religion. Ils essaient de nous supprimer mais quoi qu'ils fassent, ils ne pourront rien contre notre foi bâtie sue le Roc du Christ. Plaise à Dieu qu'Il nous accorde la grâce de prouver l'authenticité de notre amour pour Lui et pour les autres. Soyez assuré que j'offre ma vie de grand cœur pour le bien de l'Eglise et la paix dans le monde et spécialement dans notre Syrie bien-aimée".

Lettre du 17 mars 2013 :"Monseigneur, "Barekh Mor". Les jours passent lentement et chaque journée est plus sombre que la précédente. Le temps approche où nous devrons chercher un lieu de refuge contre les bombardements. La nuit, nous essayons de demeurer éveillés par crainte de ceux pour qui tout ce qui porte le nom de chrétien est anathème. Mais malgré toutes ces ténèbres, je perçois la présence mystérieuse du soleil. Tout ce que j'espère de Dieu est que sa Présence soit victorieuse des ténèbres qui font que nous en sommes arrivés là. Priez pour nous."

Le Père François de l'Enfant Jésus naquit en 1964 à Alep, d'Antoine Mourad et Mouna Salloum. Il avait cinq sœurs et un frère décédé tout jeune. Il fut ordonné diacre le 17 janvier 1999 et prêtre le 30 mai 1999. Il présenta la "Règle des Frères de Saint Siméon le Stylite" le 1er septembre 1998. Le 27 août 2010 eut lieu l'inauguration du monastère de Saint Siméon le Stylite à Ghassanié.

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