jeudi 17 janvier 2013

Décès du Père Roger DESBOS

Le Père Roger Desbos est décédé le 9 janvier 2013 au centre gériatrique de Bellecombe à Lyon à l’âge de 75 ans.  Missionnaire de la Congrégation du Très Saint Rédempteur "Redemptoristes", Aboubé a été ordonné prêtre en 1965. Il a été envoyé  dans le diocèse du Niger où il a servi dans les paroisses de Tahoua et de Tchirozérine jusqu’en 2007. Il a quitté pour raisons de santé le Niger pour sa France natale. Les habitants de la vallée de Tchirozérine n’ont pas oublié ce père qui parlait couramment Tamajeq la langue locale. L’extrait de ce message écrit en janvier 2012 par l’infirmier du centre de santé de la mission catholique à Tchirozérine Rhissa Rhossey constitue le condensé de la pensée de chaque habitant de la vallée pour Aboubé. Il a accepté la plublication sur le blog du diocèse de Maradi de cet hommage prémonitoire.

« A Aboubé, qui a une caresse pour chaque enfant
Mon père,
Mon ami,
Au début de cette année 2012,
Je ne cesse de penser à vous,
A toi,
On s’est toujours tutoyé, cela va de soi,
Mais laissez-moi vous vouvoyez, exceptionnellement.
Je vous sais lointain,
Fatigué
Cela me rend si triste,
D’autant plus que je ne pourrai pas vous dire le traditionnel bonjour, chaque matin.
J’aimerais vous dire, vous dire tant de choses…
Qu’ici, par exemple, personne ne vous a oublié. Tous ceux qui vous ont connu, pensent à vous, avec nostalgie, affection. Parfois les larmes aux yeux.
Mon père, le silence n’est pas oubli. Il fonde notre regard et notre écoute.
Je suis de la génération de ceux qui sont nés quand vous êtes arrivé dans ce pays, qui est aussi désormais le vôtre. Vous l’avez aimé ce pays.
Et la terre et les hommes. Tous les hommes, Blancs ou Noirs.
Avec le même amour, le même humour. Car le rire et l’accueil faisaient partie de votre charme naturel. Vous aviez le temps d’écouter, de demander comment vont les autres, les campements, les pâturages, les saisons, les jardins, la pluie et le dernier né de telle ou telle famille.
Comme cet autre patriarche, vous viviez ici, avec les gens d’ici, la vie d’ici, la langue, les langues d’ici dans leurs nuances et leurs sonorités les plus secrètes.

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Mon père, mon ami, Tchirozérine, ses collines, son soleil, ses palmiers, ses sables aux couleurs multiples, ses deux cheminées, ses hameaux et ses pistes poussiéreuses pensent toujours à vous dans le secret de leur silence.
On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible aux yeux.
Ainsi parlait notre héros commun, Le Petit Prince qui a su si bien nous apprivoiser tous les deux, mieux que le renard. Il faut créer des liens et vous les avez si bien créés avec cette vallée.
Un jour que nous étions ensemble, vous m’avez montré une carte postale de l’Ardèche, avec des chèvres dans les prairies tranquilles. Quel beau paysage !
Ah, si un jour je pouvais voir l’Ardèche ! Et l’année passée, mon rêve a été exaucé. J’ai vu enfin l’Ardèche dans toute sa splendeur.
La maison familiale, la maison d’enfance, avec ses secrets, et ses cachettes dans la clôture.
Où m’a-t’on dit, enfant tu faisais retraite. Je m’y suis assis, et j’y ai prié, avec ferveur, en communion avec toi dans ta maison de retraite. Aboubé, nous t’aimons. Soit fort, la maladie, l’âge ne sont rien. C’est le moral qui est tout
Et avant de se quitter, dîtes-nous une histoire drôle.
Histoire de rire,
Ton fils
Ton poète
Si loin, si près de toi


Rhissa, dans la vallée de Tchiro, janvier 2012.

 

1 commentaire:

  1. Ce texte est vraiment beau et touchant. Merci à la personne qui l'a écrit. Il me permet de connaître -à travers ses lignes-- Aboubé.

    De Montréal, Canada, Marie Lauzon (j'ai séjourné à Niamey, Maradi et au Puits de Bermo en avril 1993).

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