mercredi 4 mai 2016

Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier au Niger pour parler migration "clandestine" un an après Bernard Cazeneuve

Les ministres français et allemand des affaires étrangères ont effectué une brève visite de travail au Niger ce mardi 3 mai 2016. Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier sont venus au Niger parler de lutte contre le terrorisme et surtout des questions de migration. 
A l’issue de cette visite, un communiqué conjoint a été publié et dans ce communiqué le Niger et l’Union Européenne ont réaffirmé leur volonté commune de s’attaquer aux causes de la migration irrégulière et du phénomène des personnes déplacées ; l’intensification de la coopération concernant la mobilité légale ; la protection ; la prévention de la migration irrégulière, du trafic des migrants et de la traite des êtres humains et enfin le retour, la réadmission et la réintégration des migrants.
La visite officielle a pris fin par un échange avec des migrants revenus de la Libye ou de l’Algérie au siège de l’Organisation Internationale pour la Migration à Niamey. Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier ont eu la chance d’écouter le récit des jeunes qui faute de futur lisible et meilleur dans leurs pays d’origine, ont décidé de partir même au péril de leur vie. Les chefs de la diplomatie allemande et française ont pu écouter le récit seulement de ceux qui ont décidé de faire demi-tour. Au moment où se déroulait l'entretien, seul Dieu sait le nombre de jeunes qui soit dans le désert ou en mer risquent de mourir à tout moment. La faute au rêve que leur pays d'origines n'arrivent pas à leur offrir.
Au cours de leur court séjour nigérien, les deux ministres ont été reçu par le Président Mahamadou Issoufou. « Entretien avec le Président Issoufou pour soutenir la démocratie, le développement et la sécurité du Niger » a tweeté Jean Marc Ayrault durant l'entretien,donnant ainsi les grandes lignes des sujets abordés avec le président nigérien. 
Le Niger est considéré par l’Union Européenne comme un pays stratégique dans la gestion de l’immigration "illégale" vers l’Europe. Avec le Niger, l’Union Européenne veut agir en amont pour renforcer les contrôles de ses frontières maritimes. C’est d’ailleurs le motif de la visite au Niger le vendredi 15 mai 2015 du ministre français de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. En réponse à la sollicitation du ministre français, le président nigérien avait donné les raisons qui poussent les jeunes à quitter leur milieu d’origine. Selon Issoufou Mahamadou, « les gens quittent les pays pauvres parce que tout simplement, leur situation est intenable et c’est pour cela qu’il faut attaquer le mal à sa racine. Et attaquer le mal à sa racine, c’est envisager comment créer les conditions de développement économique et social des pays d’origine ». 
La réponse au phénomène migratoire doit être globale. Plus de 90% des migrants subsahariens passent par le Niger pour rejoindre les pays du Magrheb avant de se lancer en mer vers l’Europe. En 2015, selon l’Organisation Internationale pour la Migration, plus de 100.000 personnes ont transité par Agadez soit pour entrer en Libye ou en Algérie.
Dans un article que nous avons consacré le 16 mai à la visite du ministre français de l’intérieur au Niger, nous écrivions que « ces arsenaux ne suffiront sans doute pas à résoudre les défis du Sahel. L’espace sahélien qui compte plus de 137 millions d’habitants est l’un des coins les plus pauvres de la planète. Il est aussi important de créer les conditions d’un développement intégral de l’homme afin d’épargner aux bras valides de prendre des chemins contraire à la loi. Les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe fuient des situations de précarités dans leur pays d’origine. Pourtant, le Sahel peut nourrir les sahéliens. Le sahel peut procurer du pain à tous ses enfants. L’une des solutions aux défis pourraient également venir de la bonne gouvernance, de la bonne gestion des ressources allouées au développement. Le Sahel ne peut pas être la solution aux défis de l’immigration sans visa vers l’Europe. La solution doit être globale et doit concerner les pays de départ notamment le Sénégal, le Mali, la Gambie, le Nigéria, le Cameroun, … Il faut arriver à offrir à chaque citoyen dans son pays d’origine la possibilité d’un avenir meilleur. Et ce défi est possible. Il n'est passible de transformer le Sahel en frontière de l'Europe. Les pays sahéliens n'ont pas les moyens et la solution doit être globale, mondiale. Il faut mondialiser la solidarité et le développement pour retenir directement dans leur village d'origine les candidats à la traversée périlleuse vers Lempedusa ».
L’Europe n’est pas la cause du problème mais elle a la possibilité et l’obligation de faire pression sur les pays africains afin que les ressources puissent profiter à tout le monde. Et c’est bien possible.
Serge Xavier Oga



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