lundi 9 mars 2015

Femmes victimes de Boko Haram, les oubliées du 8 mars 2015.

Haoua Issoufou devant sa cabane de fortune à Chétimari
Hier 8 mars, les femmes du monde entier ont célébré la Journée internationale de la femme, une journée instituée par les Nations Unies depuis 1975. Malheureusement, toutes les femmes n’ont pas eu droit à une fête. C’est le cas de plusieurs milliers de femmes de la ville de Damask au Nigéria. Le lundi 24 novembre 2014, les éléments de Boko Haram ont investi la petite ville de Damasak à la frontière Nigéria- Niger dans la région de Diffa. Ce jour là, la vie de plusieurs familles a basculé. Certaines ont été capturées. Plusieurs femmes ont vu leurs maris égorgés devant elle ou leurs filles prises par les éléments de Boko Haram. C’est le cas de Haoua Issoufou. Elle dit avoir 55 ans au moment de la prise de la ville par les éléments de la secte islamique mais elle parait plus jeune. Aujourd’hui, elle est réfugiée au Niger dans le village de Chétimari à environ 35 km de Damasak. « Je n’ai plus de vie. Ma vie est devenue un objet depuis le 24 novembre 2014. Je suis devenue une personne errante dont la vie se conjugue au présent seulement. Je n’ai plus de vie »déclare Haaou Issoufou. Nous l’avons rencontré il y a une semaine avec plusieurs femmes qui ont réussi à s’échapper des griffes de Boko Haram. Elle a perdu son mari et une de ses filles de 12 ans. Elle qui était vendeuse au marché et qui arrivait à joindre les deux bouts se retrouve sans argent et sans lendemain. Elle n’est pas la seule. A Chetimari, Haoua est devenue la confidente d’autres femmes qu’elle aide à surmonter l’horreur de la guerre de Boko Haram. Les femmes que nous avons rencontrées avec elles racontent les mêmes souffrances. « Lorsque les gens de Boko Haram sont arrivés, ils ont investi la ville à plusieurs endroits et durant toute la journée, s’était des tirs partout. Ils épargnaient les personnes âgées. Tuer était comme un jeu pour eux » affirme une autre dame, Aïssa, 20 ans. Haoua et Aïssa ne se connaissaient pas et aujourd’hui, le destin les a unis. Durant leur errance, elles ont fait la connaissance d’autres femmes de Malam Fatori comme Fana Abba. Fana n’a plus de nouvelles de sa famille 4 garçons et une fille. « Lorsqu’ils sont arrivés, dans la panique, je n’ai plus de nouvelles de mes enfants » témoigne-t-elle. 
Aissa Moustapha, 32 ans
Hier 8 mars 2015, elles sont sans nouvelle de leurs proches. Le 8 mars ne leur dit pas grand-chose. Leur seul espoir, c’est de retrouver leurs proches ou pouvoir leur offrir des funérailles dignes de ce nom. Les femmes de Damasak rencontrées à Chetimari espèrent que la paix va revenir dans leur ville et pourront rentrer. Pour l’heure, elles ne vivent que de la solidarité internationale et surtout de l’asile et de l’assistance que leur offrent les habitants de Chetimari. Elles sont toutes pressées de voir l’armée nigérienne franchir la frontière et chasser les islamistes de leurs villes. Elles n’ont plus confiance dans leur propre armée. "Si le Niger arrive à Damasak, nous pourrons rentrer mais si c’est les soldats du Nigéria, nous allons préférer rester ici parce que la veille de l’attaque, les soldats du Nigéria ont déserté la ville et nous ont abandonné aux mains des islamistes de Boko Haram. Certains soldats ont fui avec nous et ont séjourné ici" avance Aissa.

Toutes les femmes rencontrées à Chetimari, Gagamari, Diffa, Mainé Soroa, Goudoumaria espèrent toutes un retour au calme et un retour vers leurs terres natales au Nigéria.

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