jeudi 2 mai 2013

« J'ai vu la misère de mon peuple en Egypte », une réflexion du Frère Vincent Kiyé


« J'ai vu la misère de mon peuple en Egypte » (Exode 3,7)

Depuis un certain temps, j'ai pris l’habitude de faire de partages de l’Évangile sur le site pour ceux qui aiment lire. Le weekend du 28 Avril 2013, j’avais articulé ma réflexion autour du thème que la société des Missionnaires d’Afrique nous a proposé en l’occasion de 125ème anniversaire de la campagne antiesclavagiste lancée par le Cardinal Charles Lavigerie, le fondateur de ladite société. C’est fut une journée de recueillement de notre équipe. Et comme il m’était demandé d’animer cette journée, j’avais souhaité reformuler le thème de la libération par « J'ai vu la misère de mon peuple en Egypte." (Exode 3,7) pour nous inspirer de la détermination et du zèle de Moïse.

Une supposition aux allures d’une certitude fut le point de départ de cette réflexion. J’annonçais au début de la causerie que toutes les atrocités de notre temps, toutes les injustices contre le peuple de Dieu font pleurer Dieu. Et comme disait Mgr Desmond TUTU en Afrique du Sud, "Qui essuiera les larmes de Dieu?" Seul, celui ou celle qui s'érige en nouveau Moïse pour sauver le nouveau peuple d'Israël que nous sommes.

En effet, notre monde en proie à des injustices multiples, à des pratiques inhumaines, a encore besoin des nouveaux Moïses pour libérer le peuple de Dieu prisonnier des logiques de notre temps. Pour changer cette situation de misère que subissent nos contemporains aujourd’hui comme une forme d’esclavage moderne, Dieu a besoin de toi mon frère, de moi, de nous tous. Si hier c'était Moïse, le Cardinal Charles Lavigerie etc., aujourd'hui c'est toi, c'est moi que Dieu envoie avec cette invitation : "va vers le Pharaon libérer mon peuple Israël". 

Notre contribution dans ce processus de libération du peuple de Dieu consiste ainsi à briser tous les liens qui déshumanisent l'autre, à rompre avec l’arsenal d’injustices qui ont élus domicile dans nos milieux de vie, tous les malaises qui rongent et fragilisent nos communautés, qui excluent nos frères de la dynamique du vivre-ensemble. Les différentes attitudes, les différents gestes qui les offusquent et les oppriment, l’exploitation des enfants, le viol, le mariage forcé, le mauvais traitement envers les domestiques, voilà autant d'actes qui relèvent de l'esclavagisme moderne qui a prit en otage le nouveau peuple de Dieu, le nouveau Israël que nous sommes. Aujourd'hui, Dieu t'investi, m'investi de sa mission pour libérer son peuple. 

Nous réussirons cette entreprise lorsque, comme le souligne Benoît XVI dans Africae Munus en citant Jean-Paul II, nous serons capables d’une spiritualité de communion, c’est-à-dire « être capable de percevoir la lumière du mystère de la Trinité sur le visage des frères qui ont à nos côtés ; … être capable en outre de reconnaître ce qu’il y a de positif dans l’autre pour l’accueillir et le valoriser comme un don que Dieu me fait… »[1]

Cette réflexion s’inscrit dans le cadre de l’une des tâches de l’Eglise en Afrique aujourd’hui, selon Benoît XVI, qui consiste « à former des consciences droites et réceptives aux exigences de la justice pour que grandissent des hommes et des femmes soucieux et capables de réaliser cet ordre social juste par leur conduite responsable. »[2] A chacun de nous de se poser la question de savoir « Suis-je le nouveau Moïse ou le nouveau Pharaon? Quelle est ma contribution dans ce processus de libération du nouveau peuple de Dieu encore aujourd’hui?

vincentkiye@yahoo.fr
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[1] Africae Munus ; n° 35.
[2] Idem, n° 22.

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