vendredi 15 janvier 2016

Violences contre les chrétiens, je me souviens encore et encore!

Violences contre les chrétiens au Niger, je me souviens encore et encore comme si …!
Demain 16 janvier, cela fait 365 jours que les chrétiens du Niger ont été la cible d’une colère infondée. Officiellement les émeutiers très bien organisés, protestaient contre une publication d’un journal lointain dont les chrétiens nigériens dans leur majorité ne savait pas à quoi il ressemblait. Malheureusement, ils ont payés pour les conneries de Charlie Hebdo. Le 16 janvier 2016, les lieux de culte de Zinder ressemblaient à un champ de ruine. Rien n’a résisté à la colère des casseurs. Même les animaux ont été brûlés vifs. Ensuite s’en est suivie une chasse aux chrétiens dans la ville obligeant les chrétiens innocents à se réfugier dans les casernes. Hormis d’avoir incendié ce qui pourrait l’être, le peu qui restait a été pillé. Un an après, je me souviens comme si c’était comme aujourd’hui. On ne ferme pas en un laps de temps une plaie si béante. Je me demande encore comment l’homme, cet ami, ce voisin de tous les jours a pu se laisser manipuler de la sorte au point de me confondre avec ce que je ne suis pas.

Nous étions dans un Zinder fumant, gémissant et pleurant dans une vallée de larmes que Niamey la capitale à 900 km de là, le samedi 17 janvier s’embrase. En moins de deux heures, la quasi-totalité des églises ont été pillées, incendiées,…Chrétiens nous n’avions plus de larmes pour pleurer. Nous étions peinés, hébétés. Nous nous demandions si c’est ainsi que nous allions désormais vivre l’agonie du Christ. Nous savions une épée planée sur nos têtes mais nous ignorions qu’elle était si limée et si féroce pour tout détruire en un temps record.

Je pourrais écrire des lignes et des lignes mais je retiens quelques morceaux choisis. Ne m’en voulez pas si je n’ai pas été à la hauteur. Je fais mon mea culpa.

Revenons à Zinder ce vendredi 16 janvier, un vendredi comme celui d’aujourd’hui ; officiellement personne ne savait ce qui se tramait mais des rumeurs largement relayées ont circulés d’après plusieurs témoins pour annoncer ce qui devrait se passer. Officiellement, aucun visage n’est associé à cet événement. Officiellement tout a été spontané. Nous n’allons pas réécrire le passé. Ceux qui ont tout préparé savent qu’ils ont fait et c’est déjà un motif de satisfaction que de savoir que ceux qui ont tout préparé savent qu’ils ont attribué à anéantir de saints innocents ; ils ont voulu faire périr des gens qui n’ont pas commis les péchés qu’on leur a inventés pour les faire mourir. C’est hypocrite de croire ce qu’ils disent.

Une chose est sure, nous sommes tous coupables. Ce qui est arrivé le 16 janvier 2015, a pour père les médias. Ce sont les médias toutes tendances confondues qui ont relayé des propos discourtois, des propos inacceptables à la suite de la marche historique de Paris où tout le monde entier a marché contre le terrorisme. La présence du président de la république du Niger accompagné des leaders religieux du Niger à cette marche a été diversement appréciée au Niger. Société civile, prêcheurs, journalistes, enseignants, …tout le monde y est allé de son commentaire parfois malveillant. Les opposants au président de la république ont récupéré cet instant solennel et ont exploité toutes les cordes sensibles pour jeter de l’huile sur le feu. Evidemment quand les médias en ont fait leur chou gras, la communication gouvernementale au début silencieuse a tenté de reprendre la main mais le dé était déjà jeté. Le résultat, les chrétiens du Niger ont payé pour le péché commis par un journal du bout du monde. Le porte-parole du gouvernement a justifié la participation du président nigérien  à la marche du 11 janvier car dit-il, à travers sa participation à la marche, le président Mahamadou Issoufou voulait "témoigner au gouvernement et au peuple français éprouvés l'amitié et le soutien du peuple du Niger". Aussi, " le geste du Président de la République, en tant que Chef d’État d'un pays de confession musulmane à plus de 98%, vise à contribuer à empêcher les amalgames si courants par ces temps où en Europe, l'islamophobie est exploitée à des fins politiciennes". Le résultat, nous avons payé le fort prix par nos églises.

Pendant que nous églises fumaient encore, que nos cœurs étaient pétris de chagrins, l’opposition nigérienne se met à marcher. Moi chrétien, nigérien, je n’ai pas compris ce timing. Je me suis demandé si les chrétiens du Niger n’étaient pas citoyens pour mériter compassion et que devant un drame si grave, on ne puisse pas ranger les arcs politiques pour un chapelet de compassion.

Nous étions frappées dans ce que nous avons de plus intime, la foi. Mais nous ne sommes pas les seuls et nous ne serons malheureusement pas les derniers concernés. Nous avons tenté de mondialiser la solidarité, et nous nous sommes rendus compte que la chose la mieux partagée aujourd’hui semble être le terrorisme. Le Niger vivant dans ce village planétaire, ne peut pas être neutre. A ceux qui à la moindre occasion versent de l’huile sur le feu, opposons leur du sourire. A ceux qui refusent de souhaiter un joyeux Noel aux chrétiens, prions pour eux. L’amour du prochain est notre boussole.

De ce drame qui nous est arrivé, je retiens :
De Rome, la prière du Pape,
Le Père de l’Eglise Universelle a prié pour nous ses frères et sœurs. C’était le mercredi 21 janvier, lors de l'audience générale. "Je voudrais maintenant vous inviter à prier ensemble pour les victimes des manifestations de ce dernier jours au bien-aimé Niger. On a commis des brutalités contre les enfants, contre les églises. Invoquons le Seigneur pour le don de la réconciliation et de la paix, pour que le sentiment religieux ne devienne jamais une occasion de violence, de domination ni de destruction. On ne peut pas faire la guerre au nom de Dieu".  Le pape a prié pour le Niger entier et je me réjouis que le Saint Père ait prié pour toutes les victimes.

Les églises des pays voisins,
Du Burkina Faso, la compassion et la consternation
Au nom de la conférence épiscopale Burkina Niger, l’archevêque de Bobo nous a réconforté et a marqué la solidarité de l’Eglsie de Dieu qui est au Faso : « Les chrétiens du Niger ne sont pour rien avec ces caricatures. Ils ont toujours respecté les musulmans et n’ont fait que chercher à vivre l’amitié avec les musulmans, à participer à l’instruction et à l’éducation des enfants musulmans, à apporter leur contribution pour faire face aux calamités qui adviennent. Afin de marquer notre solidarité avec nos frères chrétiens du Niger, nous demandons aux chrétiens et aux hommes de bonne volonté d’observer le mercredi 28 janvier 2015, une journée de jeûne et de prière pour nos frères du Niger ».

De l’Algérie, Mgr Paul Desfarges, Evêque de Constantine et Hippone
« Cette montée de violence est d’autant plus incompréhensible que depuis longtemps vous vivez des relations amicales et fraternelles avec vos frères et sœurs musulmans et musulmanes. Nos Eglises partagent cette même mission de vivre le dialogue de vie et la fraternité avec tous et d’abord avec nos proches de confession musulmane. Chers frères tenez bon dans l’Espérance au cœur de l’épreuve ».

De Niamey, le président de la république du Niger :
« Mes chers Concitoyens, Ce qui s’est passé chez nous hier à Zinder et aujourd’hui à Niamey nous interpelle. Ces églises qui sont brûlées, pouvons-nous accepter qu’elles le soient au nom de notre religion ?  De quel tort sont coupables les églises et les Chrétiens du Niger ? Ceux qui pillent ces lieux de culte, qui les profanent, qui persécutent et tuent leurs compatriotes Chrétiens ou les étrangers qui vivent sur le sol de notre pays, n’ont rien compris à l’Islam. Ils donnent de notre pays si chaleureux et de nos populations si hospitalières, une très mauvaise image. Où, au juste, veulent-ils que s’en aillent nos compatriotes de confession chrétienne, en décidant de détruire leurs domiciles et de s’approprier leurs biens ? Savent-ils qu’en se comportant de la sorte, ils incitent les populations des pays où les musulmans sont minoritaires à profaner et à détruire les mosquées ? Savent-ils qu’ils portent un grave préjudice à nos nombreux compatriotes qui vivent dans les pays à majorité chrétienne ? »

Nous avons reçu d’autres messages de soutien du Sénégal, du Bénin, du Togo, du Mali, du Nigéria, et du monde entier. Nous n’avons pas été seuls dans l’épreuve et nous ne le serons jamais.
Je retiens aussi tous ses musulmans qui ont agi pour nous protéger. Je dis heureusement que tout le monde n’est pas pareil. J’étais à Zinder et ma famille à Maradi et le 17 janvier, et alors que Maradi tentait de rallier la fausse route, un ami musulman est parti chez moi prendre ma famille et a mis les miens à l’abri. D’autres chrétiens de Zinder ont été cachés dans les maisons de musulmans avant d’être exfiltrés vers les casernes.

Certains de nos frères du Bénin, du Togo et d’ailleurs vivant depuis de longues dates au Niger, fatigués d’être la cible régulière des amalgames ont décidé de s’en aller définitivement de ce pays. C’est une perte pour nous. Certains ont tout vécu et le dernier événement datait seulement de 2012. Cette année-là ; l’Eglise de Zinder a été brulée à cause d’un film sorti aux USA. Ils sont rentrés fatigués de devoir tout recommencer.

Nous étions focalisé sur ce qui est arrivé aux chrétiens et chacun y allait de son commentaire quand le 9 février 2015, le pays tout entier est entré en guerre contre Boko Haram. Les militaires nigériens, chrétiens et musulmans ont rejoint les fronts pour mener le combat contre la secte qui continue d’attaquer le pays. La nation s’est levée comme un seul homme. Les chrétiens sont nigériens et ils ne sont pas Charlie, nous ne comprenons toujours pas pourquoi bruler nos églises au nom de cette raison.

De tout ce qui nous est arrivé, une seule certitude : le chrétien doit pardonner. Oui il doit pardonner mais cela n’exclut pas l’usage des lois de la République pour décourager ceux qui pensent que les chrétiens sont des éternels « pardonneurs ».

Heureux serons-nous si nous savons pardonner à ceux qui nous ont offensés. Comme nous l’a demandé l’ancien archevêque de Niamey, Mgr Michel Christian Cartateguy, nous allons continuer de prier en silence et méditer sur l’amour des ennemis. Nous n’avons pas un autre choix si nous voulons demeurer fidèles au Christ.

Et ce matin le message de confiance de l’Evêque de Maradi nous invite à l’amour du prochain et surtout à l’amour des persécuteurs : « Vous avez entendu qu’il a été dit : « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »

Je finis par ce message du Cardinal Philippe Ouédraogo qui dans une lettre en date du 20 janvier 2015 a déploré l’amalgame "fait avec raccourci par certains, qui ont vite confondu le christianisme avec l’Europe, l’Eglise avec Charlie Hebdo qui a aussi caricaturé de façon grossière Jésus, la Vierge Marie et le Pape".

Voilà un an déjà que notre vie n’est plus comme avant. Elle ne le sera plus jamais  mais malgré tout, nous devons espérer contre toute espérance. Je me souviens encore de Hassana, cette veuve qui élevait seule ses trois enfants et dont la seule maison héritage de son feu mari a été incendiée. Je me souviens de tous ces visages fermés, léchés par la fumée errant dans une caserne de Zinder.  Je me souviens de ses jeunes ignorants essence et machette à la main qui scandait "Dieu est grand " et qui brûlaient à cœur joie nos églises, je me souviens de tout et tout ce qui nous est arrivé a pour origine Pauvreté et ignorance et nous pouvons contribuer à lutter contre ces deux maux qui fragilisent notre humanité entière et notre pays en particulier. Avions-nous progressé depuis le 16 janvier 2015 au Niger? Chacun a sa réponse.

Je termine ma pensée de ce matin par le Salve Regina que je vous invite à reprendre  avec nous:
Salut ô Reine, Mère de miséricorde, notre vie, notre consolation notre espoir, salut !
Enfant d’Eve, de cette terre d’exil nous cirons vers vous ; vers vous nous vous prions, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.

Ô vous, notre Avocate, tournez vers nous vos regard compatissants.
Et après cet exil, obtenez-nous de contempler Jésus, le fruit béni de votre sein, ô clémente, ô miséricordieuse, ô douce Vierge Marie.

Merci à nos évêques pour cet encouragement perpétuel à nous laisser bercer par la prière et faire de notre quotidien une œuvre de miséricorde, une passerelle de dialogue permanent entre religion, entre croyants. Ils nous ont invités à la miséricorde au quotidien avant que le Pape ne nous décrète une année de la Miséricorde. Que Dieu fasse mûrir en nous tout ce qui contribue à son règne sur la terre comme au ciel afin que nous soyons tout pour Jésus et par Jésus maintenant et pour les siècles des siècles.

Serge Xavier Oga

Commémoration de l'an 1 des attaques contre les chrétiens au Niger, " Heureux serons nous si nous savons pardonner à ceux qui nous ont offensés " dixit Mgr Ambroise Ouédraogo

" CONFIANCE !  N’ayons pas peur !..."
16-17 Janvier 2015,
16-17 Janvier 2016. Déjà un an !
Aujourd’hui, nous  faisons mémoire dans le silence et la  prière, en nous souvenant des jours difficiles que nous avons vécu en voyant : nos personnes pourchassées et agressées ;  nos Eglises, nos écoles, nos maisons d’habitations, nos presbytères et les biens de nos chrétiens saccagés et brûlés par une foule révoltée de croyants musulmans au Niger, suite aux caricatures de « Charlie Hebdo » sur la personne du Prophète Mohamed en France. Ces journées des 16 et 17 janviers 2015 furent  des moments terribles, horribles et indescriptibles qui s’abattirent sur les chrétiens et qui furent organisés et perpétrés par des jeunes musulmans.

Aujourd’hui, un an après ces événements de violences, les souvenirs sont encore là, visibles sur le terrain à Zinder,  à Niamey ainsi que dans les localités où les chrétiens ont été victimes de la colère et des exactions des musulmans.

En initiant les trois jours (triduum) de prière, les 15-16 et 17 janvier 2016, nous voulons, dans la foi et l’espérance, prier le Seigneur et nous confier à Lui, nous abandonnant entre ses mains, Lui qui est le maître de la vie et de l’histoire. Nous voulons aussi porter nos frères et sœurs musulmans dans nos prières en imitant Jésus en croix qui n’a pas hésité à prier pour ces bourreaux en disant, les bras étendus sur la croix : « Père, pardonne- leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34). Nous n’oublions pas non plus, les paroles du Christ qui nous dit toujours : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime…Vous êtes mes amis, si vous vous aimez les uns les autres. » (Jn. 15, 12-13). Cet amour que le Christ nous invite à vivre et à témoigner, va jusqu’à l’amour de l’ennemi : « Vous avez entendu qu’il a été dit : « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! Moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » (Mathieu 5, 43-48).

Pour suivre le Christ, nous avons besoin de son aide et de son secours. Sans Lui, nous ne pouvons rien faire. Mais avec Lui nous pouvons déplacer les montagnes. Demandons donc au Christ de nous donner la force et le courage de nous adosser à lui pour nous laisser conduire par son amour en cette Année Sainte de la Miséricorde ou le Pape François nous invite à vivre et à témoigner de la Miséricorde Dieu. 

Frères et sœurs bien-aimés de Dieu, laissons-nous illuminer par les projecteurs de  l’Année de la Miséricorde. Les événements violents que nous avons vécus les 16 et 17 janvier 2015 nous invitent à réfléchir en nous adossant  sur l’Année de la Miséricorde  et à demander à Dieu de nous aider à voir et à comprendre ce que nous devons faire en tant que fidèles croyant en Dieu qui est Amour et tendresse, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité. » (Ex. 34,6). Faisons de ce Jubilé un temps favorable pour nous tous, afin qu’en regardant la miséricorde de Dieu qui dépasse toutes les limites humaines et qui brille sur la nuit du péché, nous devenions à notre tour, des témoins plus décidés et plus forts de cette Miséricorde divine.

L’Eglise nous donne de vivre l’Année Sainte pour connaître dans nos vies le pardon de Dieu, et sa présence à nos côtés, surtout dans les moments où nous en avons le plus besoin. Nous devons rechercher, chacun individuellement et tous communautairement, à faire « ce qui plaît à Dieu » en cette Année de la Miséricorde, pour être crédibles aux yeux des hommes et des femmes. Ecoutons donc ce que nous dit le Pape François : « La crédibilité de l’Eglise passe par le chemin de l’amour miséricordieux et de la compassion. L’Eglise « vit un désir inépuisable d’offrir la miséricorde ». Peut-être avons-nous parfois oublié de montrer et de vivre le chemin de la miséricorde. D’une part, la tentation d’exiger toujours et seulement la justice a fait oublier qu’elle n’est qu’un premier pas, nécessaire et indispensable, mais l’Eglise doit aller au-delà pour atteindre un but plus haut et plus significatif… Il est triste de voir combien l’expérience du pardon est toujours plus rare dans notre culture… Sans le témoignage du pardon, il n’y a qu’une vie inféconde et stérile, comme si l’on vivait dans un désert. Le temps est venu pour l’Eglise de retrouver la joyeuse annonce du pardon. Il est temps de revenir à l’essentiel pour se charger des faiblesses et des difficultés de nos frères. Le pardon est une force qui ressuscite en vie nouvelle et donne le courage pour regarder l’avenir avec espérance. » (Miséricordiae Vultus N° 10).
Heureux serons nous si nous savons pardonner à ceux qui nous ont offensés. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt. 5,7).
Frères et sœurs, ne perdons pas l’espérance de nous voir en 2016, chacun, engagé fermement et avec confiance, à différents niveaux, à promouvoir la justice et à œuvrer pour la paix. Comme nous témoigne le Pape François, sachons que si  « la paix est don de Dieu, elle est aussi l’œuvre des hommes. Oui, la paix est don de Dieu mais don confié à tous les hommes et à toutes les femmes qui sont appelés à le réaliser.  Cette paix demande aussi un dialogue sincère entre les religions. » Raison pour laquelle il nous faut réfléchir et voir comment nous pouvons approfondir et rendre le Dialogue Islamo-Chrétien plus crédible et efficace au Niger. Cela nous demande de sortir et d’aller à la rencontre de nos frères et sœurs musulmans dans un esprit d’amour, de collaboration et de recherche, pour une vie sociale plus fraternelle. Evitons, comme nous le dit le Pape François, « de tomber dans l’indifférence qui constitue une menace pour la famille humaine... Nous devons vaincre l’indifférence qui nous menace et conquérir la paix ». Aussi, je voudrais que nous prenions en considération le milieu des jeunes pour mettre en place une pastorale d’accompagnement des jeunes. Ils sont l’avenir du Niger. Nous pouvons réaliser des merveilles si nous arrivons à faire en sorte que jeunes chrétiens et jeunes musulmans travaillent ensemble et collaborent pour mener des actions de solidarité communes dans le but de créer des liens d’amitié et de fraternité pour la promotion de la paix et de la justice.
Des initiatives d’actions sont déjà à l’œuvre dans la paroisse de Konni, dans le cadre du Dialogue Islamo-Chrétien. Nous espérons poursuivre ces initiatives dans les autres paroisses du diocèse avec la grâce de Dieu cette année.

Enfin, j’invite chaque baptisé à reconnaître comment l’indifférence et la peur se manifestent dans sa propre vie, et à adopter un engagement concret pour contribuer à améliorer la réalité dans laquelle il vit, à partir de sa propre famille, de son voisinage ou de son milieu de travail.
Aux permanents du diocèse : prêtres, religieux et religieuses, je nous invite à être des veilleurs, des éclaireurs avisés et des serviteurs au milieu de nos communautés chrétiennes et à aider chaque baptisé à vivre et à témoigner de sa foi chrétienne en vérité et avec amour au milieu de ses frères et sœurs musulmans. L’Eglise Famille de Dieu qui est au Niger ne peut pas faire l’économie du « Dialogue Interreligieux ». C’est pour nous une nécessité vitale et urgente dans notre pastorale d’évangélisation. L’occulter serait faire preuve d’ignorance qui mènera notre communauté vers un suicide pastoral.
Que Marie, Notre mère, nous accompagne et obtienne de son Fils Jésus, Prince de la Paix, d’exaucer nos prières et de bénir nos engagements quotidiens pour un monde fraternel et solidaire.
+ Ambroise Ouédraogo
Evêque de Maradi.
Maradi le 8 janvier 2016

lundi 11 janvier 2016

La Cour Constitutionnelle valide 15 candidatures pour le premier tour de la présidentielle de 2016 au Niger

La Cour Constitutionnelle dans son arrêt N°001/CC/ME du 09 janvier 2016 a validé les candidatures retenues pour les prochaines présidentielles au Niger. La teneur de l'arrêt en date du 9 janvier 2016  a été rendu public par le ministre de l'Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation, des Affaires Coutumières et Religieuses au cours d’un point de presse à Niamey ce week end conformément à la loi.

Sont déclarés aptes à briguer la magistrature suprême lors du premier tour de l’élection présidentielle, les candidats suivants :
M. Adal Roubeit du Mouvement Démocratique pour le Renouveau (MDR-Tarna),
M. Mahamadou Issoufou du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS-Tarayya),
M. Seyni Oumarou du Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD- Nassara),
M. Ibrahim Yacouba du Mouvement Patriotique Nigérien (MPN-Kishin Kassa),
M. Cheffou Amadou du Rassemblement Social Démocratique (RSD-Gaskiya),
M. Abdoulaye Amadou Traoré du Parti du Progrès pour un Niger Uni ( PPNU-Sawyi),
M. Lawan Magagi de l'Alliance pour le Renouveau Démocratique (ARD-Adaltchi Mutuntchi),
M. Kassoum Maman Moctar du Congrès Pour la République (CPR –Ingantchi),
M. Amadou Boubacar Cissé de l'Union pour la Démocratie et la République (UDR – Tabbat),
M. Mahamane Ousmane du
Mouvement Nigérien pour le Renouveau Démocratique (MNRD–Hankuri),
M. Hama Amadou du Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (MODEN-FA Lumana Africa),
M. Mahamane Jean Philippe Padonou de la Convergence pour la Démocratie et le Progrès (CDP–Marhaba Bikoum),
M. Mahamane Hamissou Moumouni du Parti pour la Justice et le Développement (PJD-Hakika),
M. Abdou Labo de la Convention Démocratique et Sociale (CDS- Rahama) et
M. Tahirou Guimba du Mouvement Démocratique pour le Développement et la Défense des Libertés

Seul le candidat Bakoussou Abdoulkarim du parti PDP Annour a été recalé parmi les candidats ayant déposés leurs dossiers.

Serge Xavier Oga

Communiqué de presse des Caritas du Forum pays Niger relatif à la situation humanitaire très préoccupante dans la région de diffa au Niger





Une déplacée interne dans la région de Diffa dans son abris de fortune fait de branches d'arbres. Photo Serge Xavier Oga
Niger : Urgence Diffa/ Visite d’une délégation du Forum Pays[i] Niger des Caritas dans la région de Diffa.
Niamey, le 22 décembre 2015,  une délégation du Forum pays Niger de Caritas s’est rendue du 13 au 18 décembre 2015 dans la région de Diffa. Ce déplacement entrait dans le cadre de la supervision des activités d’un projet d’urgences exécuté dans la région de Diffa au profit de 1000 ménages hôtes, de 1000 ménages refugiés hors camp et de 200 jeunes des communes de Goudoumaria, Mainé Soroa et de Diffa. 

Sur le terrain, la mission avait également pour objectif de constater, le quotidien des déplacés et des populations hôtes, d’échanger avec les autorités locales à divers niveau et de recueillir les témoignages des communautés, notamment en rapport avec la crise.

Dans la ville de Diffa, la délégation du Forum Pays a assisté au deuxième passage de l’opération de distribution d’articles non alimentaires (NFI) et de Cash en faveur des réfugiés et populations hôtes du quartier festival constitué majoritairement des réfugiés ayant fui Baga, Monguno, Cross Kauwa, …des villes du Nigéria conquise en 2014 par Boko Haram. Ces populations vivent dans des conditions pénibles depuis au moins douze mois et survient grâce à l’aide internationale. Au cours d’un entretien avec le chef du Bureau local d’OCHA, la délégation a été briefée sur la situation humanitaire  dans toute la région caractérisée par un mouvement continue de déplacements des populations pour s’éloigner des zones de prédilection de boko haram.

A Mainé Soroa, la mission a échangé avec le préfet, le Secrétaire Général de la Mairie, le Chef de Canton, l’équipe locale d’International Rescue Committee et surtout avec plusieurs bénéficiaires. En accueillant la délégation du Forum pays Niger, le chef canton de Mainé Soroa, l’honorable KatiellouKaitella a déclaré : « Je remercie la Caritas pour ce que vous faites en faveur des populations. Votre aide nous soulage et nous prions pour vos donateurs. Mais en venant, vous avez vu la situation déshumanisante dans laquelle les populations vivent. J’y suis allé et j’ai le cœur très serré de constater que des milliers de personnes par ce temps de froid dorment à la belle étoile sous des arbres ». Le Secrétaire Exécutif National de la CADEV Niger face à cette situation a parlé de « tragédie ».

Effectivement, la délégation de la Caritas a constaté l’installation récente de plusieurs camps de fortune des déplacés dont certains datent de moins d’une semaine. Ils sont actuellement dans la région plus de 30.000 déplacés selon les informations partagées par le bureau régional d’OCHA déplacés entre novembre et décembre 2015. Ces populations ont fui à la hâte leurs maisons sans rien emporter. Elles ont raconté leur calvaire. Ces populations ont été contraintes à fuir leur village en ce moment où ceux qui ont eu la chance de semer devaient récolter leur poivron. Malheureusement la situation de terreurs permanentes et d’harcèlement les a conduits à fuir et à se retrouver dans une situation déshumanisante et pénible surtout pour  les femmes et les enfants qui dorment en ce moment en plein air par ce temps de froid.

Cette nouvelle vague de déplacements massifs des populations vient s’ajouter aux nombre déjà élevé de déplacés. Ils sont en ce moment plus de 90.000 personnes déplacées dans la région et ce chiffre a malheureusement évolué avec les derniers développements sur le terrain pour franchir à nouveau le cap de 100.000 personnes.

Face à cette situation,  la délégation du Forum pays Niger fait écho à l’appel à l’aide en faveur  des populations représentées par les autorités administratives et coutumières. Cet appel est pressant en ce temps d’harmattan. Les vents secs et le froid n’épargnant pas les femmes, les enfants et les personnes âgées. Il est urgent d’appuyer encore plus en abris, couvertures et autres friperies. La Caritas lance un appel à la générosité des membres du réseau Caritas Internationalis à secourir les populations victimes des attaques de Boko Haram à Diffa. 

Fait à Niamey, le 22 décembre 2015.
Contact Information Complémentaire Forum Pays
Mr Raymond Younoussi YORO, Secrétaire Exécutif National CADEV – Niger raymondyoro@yahoo.fr‖ Tel +227 94 85 98 46
Mr Michel MONGINDA, Représentant résident de CAFOD
Mr Bill RASTETTER, Représentant résident  de CRS
Mr Maï Moussa CHETIMA, Représentant de Caritas International Belgique au Niger


[i]  A propos du forum pays : Le Forum Pays de Caritas est un espace où tous les membres Caritas et d'autres organismes de l'Église travaillant dans un même pays, se réunissent régulièrement pour coordonner étroitement et conjointement leur plan de développement et l'action humanitaire, et se préparer à des situations d'urgence prévisibles, basés sur une analyse partagée du contexte et des besoins.